1. Saint-Leu
  2. Errance
  3. Camargue
  4. Carcassonne
  5. Addis Abeba, 16 avril 2006
  6. Xamayca
  7. Essaouira
  8. "Devine d'où je t'appelle ?"
  9. Saintes-Maries-de-la-Mer

 

Cartes postales - Représentation idéale des lieux destinée à impressionner le destinataire en faisant mentir l'expéditeur. (Pierre Daninos)

     
 


Saint-Leu

 

Derrière les cases créoles
Derrière les clôtures ruisselantes de bougainvilliers,
d'alamanda et d'anacoco parfumés
Le long de la grève de sable blanc
Là où l'ombre des filaos taquine le corail
J'attends que l'océan se réveille
J'entends déjà les vagues se ruer sur la barrière
Une onde frisonne l'eau du lagon
Un courant d'alizée emporte un paille-en-queue vers le ciel presque bleu.

Les jours, les nuits rythment ma vie jusqu'à l'ennui
Alors j'écris, j'écris
Je voudrais que ce soit fini.

© Miréio le 3/07/2003

 

 


Errance

 

Du bleu dans le ciel
du bleu sur les murs
du bleu outremer
du bleu
lumière du sud
Je suis venue ici pour apaiser mon être
Et maintenant le blues vient étaler son trouble.

Demain je repars
Je continue de chercher

J'irai par les oueds
J'irai par les chemins ocrés
Le long des flancs escarpés des collines
Toujours plus au sud
Là où le ciel et la terre s'unissent
Et si je ne trouve pas
Je me laisserai engloutir par la lumière
Elle est si vive, si violente, si blanche
Rien ne peut la troubler
Là-bas, l'ombre n'existe pas.

 

© Mireille 10/07/03

 

 


Camargue

 

Je t'écris d'Arles pour te conter la Camargue
C'est là qu'elle commence
Jusqu'à la mer elle s'étend
Jalousement gardée dans les deux bras du Rhône
Elle est terre sauvage
Royaume des taureaux
Des troupeaux de chevaux
Ecrasée de soleil
Balayée de Mistral
Bleue de saladelle
Blanche de sel
Et le soir dans le ciel
L'ocre, le violet, le rose, l' orangé .

© Mireille (août 1997, modifié 2003)

 

 


Carcassonne

 

Et soudain elle est là,
dressée devant moi,
superbe, élancée,
parée de reflets blonds
dans le soleil couchant.
Elle brille, éblouissante.
Elle rit, éclatante.
Elle me joue des tours,
me conte des légendes:
fables de sorcières,
chants de troubadours,
des histoires de Comtes,
Vicomtes et Chevaliers.
Puis elle s'assombrit,
l'inquiétude voile ses yeux.
Une tour tragique se dessine.
Elle me chuchote alors
à l'oreille les tortures
et autres supplices
pratiqués en ce lieu.
Récits d'intolérance,
Fanatisme, hérésie.
Tour à tour, elle a connu
Romains, Wisigoths, Sarrasins,
Mérovingiens, Carolingiens...
Du haut de ses deux mille ans
elle veille, imprenable,
fidèle à son surnom :
Pucelle du Languedoc.

© Mireille 27/7/2000 modifié le 14/11/02

 

 


16 avril 2006


La petite saison de pluie semble finie. Depuis quelques jours les averses journalières ont fait place au grand ciel bleu. L'air est sec et tiède. Il y a comme un air de fête. Les oiseaux s'en donnent à cœur joie. C'est un défilé de hautes couleurs qui traverse le jardin. Un ballet vif, aérien, léger comme une plume. Une danse rythmée par des trilles, tirelis, sifflets, coucous et autres sons intraduisibles, car ici les oiseaux ne parlent pas le même langage. Les graves des rapaces, les aigus des tisserins, rolliers et autres colibris se mêlent en une joyeuse symphonie.


La fête est aussi dans la rue. Une multitude de gens drapés de châles blancs, la tête ceinte d'un fin cordon en fibres de palme s'avance vers l'une des nombreuses églises de la ville. La chaussée, les trottoirs sont blancs de monde. Seuls les taxis donnent une note colorée, une touche bleue au milieu de la foule. Des chants s'élèvent. Je ne comprends pas l'amharique. Je ne comprends pas ce rite religieux.


En ce 16 avril, mon calendrier indique Pâque. Les cloches ne sont pas là. Les œufs, les poules, les agneaux encore loin des assiettes. Fasika, la Pâque des chrétiens orthodoxes, se fêtera le 30 avril. La fin de 55 jours de carême approche. Dans les cours on prépare les animaux qui seront sacrifiés.

Aujourd'hui chacun se réjouit.


© Mireille, Addis Ababa, le 16 avril 2006

 

 


Xamayca          (île qui m'est inconnue)

J'ai jeté la photo d'île paradisiaque,
le palmier sur la plage n'étendra plus son ombre,
l'eau turquoise foncé a emporté, par le fond, la dentelle d'écume qui ourlait le sable rose de Long Bay.
Je n'aime pas les clichés.


J'ai déchiré les pages-recommandations destinées aux touristes
et suis entrée dans Kingston.
C'est dangereux, misère, insalubre.
C'est pittoresque, coloré, rythmé.
Kingston Town, te souviens-tu avoir dansé sur cet air de UB40 ?
Le vieux quartier de Trenchtown vit au rythme du reggae.


J'ai fermé les yeux sur les portraits des idoles,
sur les façades, vert, jaune, rouge, les trois couleurs de Zion,
Ethiopia, terre promise, terre des visages brûlés.
Ras Tafari, the Jah, le Dieu vivant


J'ai tourné le dos à la ville,
j'ai suivi Peter vers l'intérieur de l'île,
vers les sommets de ses Montagnes Bleues,
vers ses îlots de verdure, écrins protecteurs des esclaves marron.


Un sentier envahi de végétation
Des myriades d'oiseaux,
Des rampants qui détalent
Un chemin caillouteux vers la gorge profonde
Suspendue dans le vide, une petite plaine,
quelques cases, un village.

L'arbre du voyageur déploie son éventail,
des hommes arrivent chargés de cannes à sucre,
des femmes rient et bavardent,
les cabosses éclatent,
les fèves de cacao emplissent les paniers,
les baba figues promettent d'abondantes récoltes.


La nuit tombe vite, une fine pluie la suit
Il fait tiède
C'est l'heure où les chauve-souris sortent de leur léthargie
A l'abri sous un auvent de tôle, je pense à Christophe Colomb :
" La plus belle île jamais vue : montagneuse.... avec des vallées, des champs et des plaines"
Oui Xamayca est belle, et beaux étaient les Arawaks
Qu'en avez-vous fait !
Et vous, les "massa", vous fallait-il aussi importer tout un peuple, de la lointaine Afrique !


L'odeur du maïs grillé et de la soupe de légumes
Une voix qui s'élève sur un rythme saccadé, me tirent de ma rêverie
Ils sont là mes amis
La fumée de leur pipe se mêle au feu de bois
Je ne dirai rien sur les chanteurs rebelles, les dreadlocks, les bonnets tricolores, la ganjah, l'anglais créole… ça fait cliché.
Je n'aime pas les clichés.


Dois-je vous dire que j'ai ramené, dans ma "Babylon", une Cutchie, pour compléter ma collection de pipes ?

© Mireille le 7 avril 2007

 

 


Essaouira


Une grappe de barques au pied des remparts de pourpre.
Bleues, vertes, rouges, toutes en bois, construites à l'identique depuis des siècles.
La dernière vient de s'amarrer le long du quai.

Les poissons déchargés dans une carriole.
Les filets turquoise mis à sécher sur le ciment gris.
Trois hommes, poussant, tirant, hissent le chargement le long du plan incliné.

Un goéland s'échine à extraire d'un panier d'osier une sorte de murène jaune tachetée de noir.
Une mendiante vient quémander un maigre repas parmi les rares poissons impropres à la vente.
Les autres, les sardines, feront le délice des amateurs de musique venus assister au festival des gnawa.

Ne sens-tu pas l'odeur de grillade poussée par le vent du large qui s'engouffre dans les ruelles de la ville ?
Les mouettes l'ont déjà flairée qui tourbillonnent à l'affût de quelques gourmandises abandonnées dans les assiettes en carton des restaurants improvisés le long du port.

© Mireille, le 6 février 2007

 

 


"Devine d'où je t'appelle ?"


Six mots, un point d'interrogation. Pub sur grand panneau. Question posée sur une vague pour champion de surf, un énorme rouleau comme ceux qui déferlent depuis hier et qui viennent à grand bruit se briser sur les falaises de la Pointe des Châteaux et sur les rochers de la Pointe aux sels.

Les flots grondent
Les falaises geignent
La roche, comme un évent, expulse de violents jets de brouillard et d'écume salés.

Tu devines où je suis ?


© Mireille La Réunion juin 2005

 

 


Les Saintes-Maries-de-la-Mer

Les Saintes-Maries-de-la-Mer où j'ai vécu est une ville, petite ville aux mille facettes.

Les Saintes, comme on l'appelle, est cernée par les eaux. Eaux salée de la mer, étangs, roubines saumâtres, marécages.

Du sable. Sables mouvants des alluvions du Rhône.

Terre craquelée, stérile. Sansouiro parsemé de salicornes, roseaux, arbustes rabougris sur lesquels souffle le Mistral.

Aux Saintes-Maries tout est fait pour résister au froid, à la chaleur, au sel, aux assauts du vent.

Son église fortifiée, ses petites maisons basses, ses cours fermées.

Les habitants des Saintes sont ouverts. Ici on blague, on se chine. La galéjade est un sport de l'esprit. On rit, on se moque, on prend des risques.

Des amours s'inventent : Mireille et Vincent

Des peuples s'y rassemblent. Les fils du vent viennent y honorer Sara la noire, leur sainte patronne.

L'âme du Marquis flotte sur la ville. Baroncelli !

Saintes-Maries-de-la-Mer, capitale de la Camargue, cité des taureaux, des chevaux, des oiseaux.
Colonie de flamants sur l'étang du Vaccarès.
Gardians et manadiers dans leur cabanes au milieu des marais.

Aux Saintes, on s'aime, on aime, on vit intensément. Il sera toujours temps de s'en remettre à Marie Jacobé, Marie Salomé et leur servante Sara qui attend dans la crypte de l'église.

© Mireille 12 janvier 2006

 

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