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Prenez un individu moyen; Reprenez l'amour et la beauté Mélangez les deux préparations
très délicatement afin d'éviter les quiproquos. Prenez un néant bordé de
mort et de peur, Placez le tout dans une douce universalité Décorez avec quelques pensées d'Elie Wiesel. Et si l'envie vous en dit, recommencez. |
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La sentence est tombée, ces hommes et ces femmes attirent le malheur. Catastrophes, calamités, épidémies ont assez duré. Il faut conjurer le mauvais sort et punir les coupables. Hors de notre vue, de nos villes de nos villages, remettons-les entre les mains de Dieu, il saura, Lui, trouver le châtiment mérité. Ils quittèrent père et mère sous des tempêtes de pierre, des ouragans d'injures. Jetés comme on jette à l'égout ce dont on ne veut plus. Condamnés à l'exil, ils se laissent emporter avec humilité sur un rafiot garni de graines de folie. Interdits de port, sans asile ni attache, condamnés à errer sur des fleuves putrides, aux odeurs de vermine, à l'haleine fétide. Repoussés par les gens, poussés
par les vents, Nul capitaine à bord, chacun est
gouvernail A bord c'est la fête, on mange, on se lave, on boit, on chante. On vit. Chacun entonne, quand résonne le luth, un chant de louanges au Dieu qui vient bénir leur maigre subsistance. Amulettes, marottes, clochettes, autant de talismans pour piéger le mal auquel ils ne croient pas. Hérésie! Mais Dieu ne châtie point ses enfants demeurés. Ils longent les terres à plus d'un jet de pierres et de crachats, à l'écart des coups de bâtons et des rejets d'âme noire, hors d'atteinte des rires, des sarcasmes et des quolibets. Ils écoutent les poissons, jouent avec les sirènes, se prennent pour Colomb et autres conquérants. Eternels voyageurs dans la mer des nuages suivent le soir venu quelque traînée de brume vers le chemin de poussières d'étoiles que l'on appelle voie dans la voûte bleu nuit. Leurs yeux grands ouverts ne clignent plus quand ils cherchent en vain leur route dans les cieux en suivant les contours qui mènent au Lion ou à la croix du Sud, ou encore à Orion où Bételgeuse les guide pour aller accrocher un sourire aux cornes du Taureau. Tandis que la belle Cassiopée attend une larme à ses pieds. Des projets futiles habitent leur tête Tout est bon pour se nourrir : ils s'enivrent de vin d'algue et d'écumes de vase, ils broutent le varech, consomment les restes de créatures abandonnés au courant. Et lorsque repus ils s'endorment c'est dans un grand trou noir qu'ils sombrent. Sans rêves, sans délires. Ils ressortent au matin avec l'oubli de l'aujourd'hui. Jamais ne reviendront sur la terre, elle ne leur était pas promise. Ils finiront tous après avoir joué au bouchon dansant entre deux eaux par rejoindre les autres vomissures, dans les profondeurs insondables, comme de simples déchets, excréments de la bêtise humaine. Voués à errer, la mer était leur refuge, le fond des océans est leur port de débarquement. |
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Ils vivent dans un monde étriqué |
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Sur le papier glacé, blancheur immaculée
C'était sa retraite,
son souffle vital, entre saison d'hiver et saison d'été. |
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