Les mots sont ces quelques feuilles qui créent l'illusion d'un arbre avec toutes ses feuilles.... (Elsa Triolet)

Il faut toujours être ivre. [...] De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. ( Beaudelaire )

       
 


Des mots pour tes maux

J'inventerai des mots pour adoucir tes maux
Et d'autres encore plus beaux pour espérer guérir
Avec tes mots soupirs, ferai des mots sourires
Avec tes mots douleurs, ferai des mots couleurs
Pour apaiser tes pleurs, et réveiller ton coeur.

J'ouvrirai les prisons, libérerai les mots
De ces mots hors-la-loi, ferai des mots permis
Je les sens, ils sont là et frémissent déjà
Rêvent à leur envol hors des murs interdits.
Les entends-tu déplier leurs ailes de soie?

 

© Mireille 16/02/2000

 

 

 

 


Les mots sourires

 

Dans l'écrin transparent
De la dernière larme,
Je les vois, les entends
Ils tintent, ils scintillent.

Même les jours grisaille
De lumière ils s'habillent
En mirette se mirent
Pétillent pour séduire.

Douce est leur caresse
Chaud est leur accent.
Sans éclats ils jaillissent,
S'écoulent tendrement,

Emportent la douleur
Qui grimaçait aux lèvres,
Dessinent le bonheur
Et ferment les paupières.

© Mireille 12 août 2000

 

 

Des mots qui font mal

Mes mots s'écrivent à l'encre noire
Des mots qui tonnent
Des mots qui grondent
Comme avant l'explosion

En dedans il fait noir
Il fait froid
Il fait mal

Les mots foudre
Les mots frappent
Les mots déchirent

 

© Mireille 2001

 

 

Parole de silence

Tendresse vibre dans ma tête
Caresse frisonne sur ma peau
Désir bu jusqu'à l'ivresse
Nirvana Alléluia
Souvenir
L'hiver. Déjà

Les phrases se déroulent
Les mots roulent comme perles
Musique via pianissimo
Linéaire jusqu'à se taire
Les notes s'égrènent et tombent à pic

Silence

L'écho résonne dans ma tête
Les notes tintent, les mots tonnent
Les phrases s'emmêlent, délirent
La rumeur s'amplifie
Le tumulte gronde
La révolte sourd
Aucun son ne parvient à la lumière
Cri gelé, enchaîné
Vacarme intérieur
Mutisme extérieur

Silence

Le silence étouffe la révolution
Le jour tue la nuit
Sens gelés
Voix éteinte, lèvres scellées,
La langue collée au palais retient encore un goût de vie
Yeux brûlés par trop d'espoir
La peau noircit, se craquèle et tombe
L'oreille fissurée a perdu son étrier, son marteau, son enclume
Les sons prisonniers dans le colimaçon bouché
Gardent la brûlure de la mémoire

Tu attends le vent pour alléger ton fardeau
Le vent pour t'emporter loin des souvenirs qui t'écrasent
Oubli suspendu au souffle d'air .

Le vent t'enfouira sous le sable
Le sable prendra possession de ton corps
Il te pénètrera jusqu'au cœur de tes tourments.

Là, la Terre ne compte plus les heures
Le temps consumera ta douleur
Déliera tes sens
Pillera tes souvenirs
A ton tour tu deviendras sable
Poussière exposée à la lumière, à l'eau, au vent.

 

© Mireille 28/07/2001

 

 

 

 
La buveuse de mots

 

Il faut vider la page
il faut vider le livre
jusqu'à la lie
vrai ce que je dis.

Pleins, je les vide
Vides, je les plains.
Il faut remplir la page
il faut remplir le livre

Ces phrases que tu livres
est-ce bien nécessaire?
J'ai soif de tes mots
Je les bois peu à peu
Comme une eau-de-vie
ils brûlent mes yeux
exaltent mon coeur.

A la fontaine de tes mots
je me grise, je m'étourdis
je goûte le bonheur.

Leur effervescence
m'entraîne dans un vertige.
Douce anesthésie,
à perdre conscience.
Délires, mirages,
hallucinations,
puis sommeil profond
d'où je ressors meurtrie.

Garde tes mots brûlants
et leur accent charmant
Ils attisent la flamme
qui dormait dans mon âme
La fièvre me consume
et dans un tourbillon
emporte ma raison

Sors de ma vie!
Ma vie ivre de toi.

 

Mireille 1999

 

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