1. Révolte

2. Le marginal

3. Mourir

4. Ma Terre en deuil

5. Triste constat ou autoportrait d'une grande dame

6. Vous avez dit paresse ?


Le monde est une harmonie de tensions. (Héraclite d'Ephère )


       
 


Révolte

  

Deux secondes ont suffi
Pour accabler la vie.
Le destin a frappé,
Ses coups tout dévasté.

La nuit était sereine
Quand le drame survint.
Séisme? Attentat? Eruption?
Peu importe le nom. 

Le bruit d'une explosion,
Puis tomba le silence
Lourd de terreur, d'angoisse
Et d'incompréhension.

Le silence passé,
S'éleva la rumeur,
Pleurs, cris de douleur,
La ville agonisait.

Qui donc a ordonné
Cette calamité?
Est-ce une punition
Une malédiction?

Je ne suis pas de glace
Et ne peux tolérer
Fléau, fatalité
Qui frappent l'innocence.

 

© Mireille 1999

 

 


Le marginal

Enfant déjà ses camarades le mettaient hors-jeu
Pas vraiment anormal, hors-norme
De ses maîtres il n'avait pas l'image
Pas vraiment différent, hors cadre

Horripilé d'entendre les hors d'ici
Il s'est mis hors de lui
Refusant Dieu et Maître
Il s'est mis hors-la-loi

De lui on dit des horreurs
Coupable de crimes horribles

Il s'est mis hors d'atteinte
Hors des sentiers battus

Hors série,

série spéciale,
marginal


© Mireille 21/03/2001

 

 


Mourir

 

Par convoitise
Par jalousie
Par amour les hommes se déchirent.

La peur entraîne la haine
et la violence se déchaîne.

Sournoisement
avec sang froid
dans un moment d'égarement, les hommes tuent.

A vouloir vivre en paix, des hommes meurent.

Pour quelques mots souffrance
dits sans ménagement,
paroles incomprises et refus de se taire,
Deux hommes sont morts.

 

© Mireille 11/10/2000

 

 


Ma Terre en deuil

 

Terre, planète bleue des larmes que tu pleures sur tes enfants miséreux.
Ton âme porte les bleus des coups que tu reçois.
Bleu acier des armes qui crépitent entre les mains des bourreaux qui te décapitent.

 

Terre, planète rouge de colère,
la honte te monte aux joues devant la convoitise des gouverneurs ivres de carnage.
Que de bassesses pour le pouvoir, courbettes et passe-droits, intérêt et capital.
Le roi est mort, le bouffon parle.

 

Terre, ma planète, la fièvre te ronge,
ton rire ne tinte plus, il n'est qu'un souvenir passé, flétri, il résonne jaune,
tu frissonnes, froid de l'indifférence, trahison, peur de l'échéance, mortification.

 

Terre écorce d'orange, tu recèles des cachettes dans tes sommets, tes gouffres.
Tes enfants s'y réfugient, enrôlés par des hommes fous,
envoûtés par des gourous, hallucinés par leurs idées empoisonnées,
aliénés à des Maîtres qui se prennent pour des Dieux.

 

Terre, ceux que tu abrites conspirent contre toi,
tu étouffes, tu suffoques, le souffle du Monde même t'asphyxie.
Il suffirait d'un sursaut pour arracher le voile noir qui lentement recouvre ta face meurtrie.
Ma Terre en deuil.

 

Terre, sous tes forêts, tu m'apparais verte, couleur de l'espérance.
Le vent qui passe à travers les branches m'apporte des airs de joie,
des parfums d'amour, de tendres caresses, des lumières secrètes, des saveurs de bonheur.

 

© Mireille Avril 2002

 

 
Triste constat ou Autoportrait d'une Grande Dame

Au réveil ce matin j'étais défigurée

Mon visage soudain devenu tourmenté

Des sillons sont creusés, des griffures de haine

On voudrait me lifter, ôter mes différences.

 

Comment ces tâches brunes ?

Quoi ? mes yeux trop bridés !

Et mon nez trop busqué !

Mes cheveux trop frisés !

 

"Et ces mèches rebelles, faut les discipliner

Petites sauvageonnes qui n'en font qu'à leur tête

Ces lèvres trop épaisses, un peu trop sensuelles

Incitent à la débauche, au déclin familial

Faudra bien raboter ce menton volontaire

Bourrer ce crâne mou de matières obscures

Boucher les deux oreilles aux airs de liberté,

Aux propos étrangers à nos belles idées"


Mais si vous supprimez ce qui fait ma beauté

Mon âme, ma grandeur et mon identité

Ce ne sera plus moi! On va me rejeter

 

De haut en bas

De droite à gauche

Je broie du noir

Rougis de honte

Ma colère sourd

Aujourd'hui je ris jaune

Je grimace, ronchonne et pleure

Mais je vais me reprendre

Et ce n'est pas demain qu'on m'anéantira.

 

France


© Mireille 22/04/2002
 

 


Vous avez dit paresse ?

C'était un attrait particulier
Une lassitude devenue habitude
Je restais là assise, quelques fois allongée
Installée dans un état proche de l'hébétude

Gourmande de contemplations
J'aimais me repaître d'amertume
Des rêves à profusion agitaient mon coeur et mon âme
Envies et désirs animaient mon esprit
Velléité ou impuissance.
Le temps passait

Ce que Vous appelez paresse n'était qu'accablante tristesse
Et Vous voudriez me condamner ?
Votre indifférence n'a fait qu'accentuer
De mon corps et de mon esprit la défaillance
Vos intermédiaires m'accablaient de sermons
Ils n'ont fait que germer ma graine de colère
De spiritualité, je suis devenue anorexique
J'ai rejeté de Vous l'essence même.

Mais n'était-ce pas Vous louer que d'admirer votre oeuvre
Flâner dans ce décor, sublime création
Ces saisons que vous rythmez d'une main invisible
Conduisent à la langueur et la méditation
Est-ce cela la paresse ?

© Miréio 26/02/03

 

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©2000-2008 Mireille Jeanjean