Le temps des hommes est de l'éternité pliée. (Cocteau)
       
 

De l'aube au crépuscule

La vie est une horloge qui décompte le temps.
Ses aiguilles dessinent un unique parcours.
Lentement elles égrènent nos années jours à jours,
A la fin s'accélèrent puis s'arrêtent brusquement. 

Enfantés du néant, au néant retournons
Pour la vie éternelle certains vous le diront.
Derrière les nuages qui masquent l'horizon,
Est-ce là-bas la voie où les âmes s'en vont? 

Et le soleil rayonne, gravé dans ma mémoire.
L'automne me sourit avant de m'endormir.
Je tremble et je frissonne voyant l'hiver venir. 

Je pose sur la rive mes rêves, mes espoirs.
Le fil du temps m'emporte, je le sens m'engloutir.
Je soupire et je pleure devant mes souvenirs.

© Mireille 1999

 

 


Le temps

Le temps de réaliser
c'est déjà le passé
une vie accomplie
un avenir réduit
 

Les aiguilles du temps
semblent s'accélérer
un instant seulement
je voudrais les stopper
 

Les années ont marqué
façonné mon aspect
mon coeur à l'intérieur
garde espoir de bonheur
 

© Mireille 1999

 

 


Le soir déjà

 

Tu t'es usé les pieds
Sur les chemins de sable
Cherchant l'hypothétique
Rayon de lune bleue
Qui pourrait t'emmener
Sur le chemin d'étoiles

Mais les étoiles filent
Et parfois elles tombent
Tu t'es brûlé les yeux sur les miroirs glacés
Tu t'es cogné le nez sur le front des chimères
Tes yeux dans le brouillard cherchent encore la lumière

Le soir venu, la vie s'étire en longues ombres.

© Mireille 10/10/2000

 

 


Sempiternelle ronde

 

Quand le ciel se vide de son eau
Quand le vent emporte les feuilles
Quand l'air murmure le chant du départ
D'un battement d'aile l'oiseau s'élance

Nostalgie

 

La bise cingle l'espace vide de vie
L'étoile du nord transperce le silence de son rayon glacé
L a vie, dans la chaleur de la terre, fête ses cendres
Simulacre de mort, espoir déguisé

Mystère

 

Les fontaines éclaboussent de rire
Eclats de perle vive, rivières de diamant
Explosion de joie, bouffée de tendresse
La terre s'entrouvre, libère ses richesses

Renaissance

 

L'air vibre ; la terre se ride et se craquèle,
Elle exhale ses parfums et dore ses trésors
La voie lactée dévoile son chemin de poussière
Infini jusqu'au vertige des galaxies

Ivresse des sens

Plénitude

© Mireille 6 octobre 2002

 

 

Tuer à tout prix


C'était devenu insupportable, il fallait mettre un terme à cela.
Je n'en pouvais plus de le voir passer, chaque jour un peu plus vite, en me narguant.
Ah, je suis d'une autre époque ? Et bien on allait voir ça.
C'est décidé, aujourd'hui, c'est lui qui va me voir passer, à toute allure. Il aura beau courir, il ne me rattrapera pas. Pour une fois, les rôles seront renversés.

Passer, je vais le conjuguer au passé, au présent, au futur. J'y mettrai peut-être une condition ou même sans condition. Tout concordera.
Autant que je m'en souvienne, depuis des nuits et des nuits, des nuits sans lune, des nuits de lune noire, il ne s'est jamais arrêté, pas une fois, prétextant je ne sais quoi, des histoires de gros sous.

Il m'a suffi de quelques minutes pour atteindre le bord de mer. Tennis aux pieds, débardeur, collant de sport, iPod à l'oreille, podomètre à la ceinture, je me fonds dans la file de ces jeunes qui s'entraînent à courir chaque soir, sur le trottoir longeant la plage.

Il y avait encore quelques baigneurs quand j'ai vu débarquer l'armada sur le sable. Aussitôt, les hommes se postèrent, respectant une distance de cent mètres environ, les uns des autres. Cannes en carbone, moulinets en alu rutilant, lignes bien tendues, fils alourdis de grappins et autres pendeloques en plomb. Je n'en revenais pas. Du matériel de milliardaires. Les lignes sur des porte-lignes, comme des porte-manteaux, les cannes dans leur support, contre des trépieds pliants, des chariots débordant de trésors, des boîtes pleines de mystères, malices, farces et attrapes.
J'ai essayé de questionner l'un de ces hommes. Importune je fus! Trop occupé, pas un moment à perdre, il est en plein concours, en pleine campagne de pêche, comme d'autres emploient leur temps à la campagne électorale. Quel mufle !

On s'épie du coin de l'œil, on se dissimule derrière un grand parapluie vert pour se prémunir des rayons de lune. La maligne, elle est capable de tout.
Elle est déjà là, la lune, blafarde dans un reste de ciel bleu. Dans quelques minutes le soleil disparaîtra derrière les crêtes de l'Estérel. Ce sera l'heure de leurrer ces poissons, avec force mouches, alevins factices, simili de crevettes, vers de vase, le tout à la cuillère. Un grand seau est prêt pour recueillir les victimes.

Oh ! on ne va pas en faire un plat. Moi, j'ai pris du plaisir à cette partie de pêche. Je suis restée jusqu'au bout, jusqu'à la remise des prix.

Vous croyez que j'ai oublié mon objectif ? Que nenni !
Puisque je ne pouvais l'arrêter, le temps, je devais m'employer à le tuer. A tout prix.

© Mireille le 29 avril 2007

 

<-- Précédent Suivant -->

Accueil | Index des phototextes | Index des textes seuls

©2000-2008 Mireille Jeanjean