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Je sais bien ce que
je fuis, mais non pas ce que je cherche. (Montaigne, à propos
des voyages)
Amer savoir que celui qu'on tire des
voyages.( Beaudelaire )
Le voyage est un maître aux préceptes
amers. ( Théophile Gautier )
Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps
vous prête ses couleurs... ("L'Usage du Monde" -
Nicolas Bouvier)
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Voyage en France
Avec les jeux, les danses sautant les Pyrénées
Et les chants et les cris courant sur la Garonne Que
le courant emporte vers l'Océan lointain
Pour
bercer à jamais sur les côtes
bretonnes
Le sommeil éternel de courageux
marins
Avec la Tramontane regardez-le jouer Le beau pays qui est le mien
Avec tant de soleil qu'une fille est tombée
Entre
les bras du Rhône tout près
de la madone
Les musiques jolies et le chant des cigales Venus de l'Italie en passant par les Alpes
Viennent
pour la bercer en Méditerranée
Regardez-le
brûler quand souffle le Mistral
Le beau pays qui est le mien
Avec tant de douceur qu'un fleuve y a coulé
Avec
tant de beauté les châteaux
sont dressés
Avec tant de secret qu'un
roi s'y est caché
Et les volcans d'Auvergne s'y reposent encor Surveillant
les colères de la Seine, de
la Loire
Avec le vent d'ouest regardez-le sourire Le beau pays qui est le mien
Avec ses crassiers noirs, poussières de
charbon
Au milieu des corons, anciennes habitations De ces mineurs de fond qui allaient au charbon
Quand
la mine était grande, quand la mine
riait
Quand la mine pleurait enterrant ses
garçons
Dans la Bise glacée regardez-le
geler
Le beau pays qui est le mien
Avec ses capitales aux multiples visages Et ses accents divers comme mille langages
Et
tant de monuments qui font notre fierté
Et
tous les hommes d'art font sa célébrité
Avec le vent du nord avec le vent du sud De l'est et de l'ouest, venez le regarder
Le beau pays qui est le mien
© Mireille 1997
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A Jean-Paul...
Dans les deux bras du Rhône
Est né un Petit d'Homme
Au milieu des taureaux
Des troupeaux de chevaux
Sur cette terre sauvage
Qu'on nomme Camargue
Ecrasée de soleil
Balayée de Mistral
Bleue de saladelle
Blanche de sel
Et le soir dans le ciel
L'ocre, le violet, le rouge.
Le Petit d'Homme a grandi
Il a sauté les bras du fleuve
De la Provence au Languedoc
Il a couru les fêtes votives
Un oeil noir le regardait
A l'abrivado, à la bandido
A la course dans l'arène
Il était toujours là,
au milieu des taureaux
Toujours plein d'allant
Pas toujours vigilant
Un oeil noir le regardait.
De l'homme ou du taureau
Qui sera le plus fort?
Prends garde à toi Petit d'Homme!
Un oeil noir te regarde.
©Mireille 1996
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Perle d'Orient
Femme sans image
Femme sans visage
Femme volée
Voilée
Mystérieuse, vaporeuse
Voile flottant dans l'air courant
Au détour d'une ruelle
Labyrinthe de venelles
Sous un passage voûté Absorbée
Entr'aperçue, déjà disparue
Traîne un parfum
de volupté
Dans l'aveugle rempart
Un oeil sombre veille
Porte dérobée
Oubliée
Engloutie dans un autre monde
Vie secrète dissimulée
Un voile qui s'esquive
Insaisissable captive
Perle d'orient
Là-bas
©Mireille février/juin 2002
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En effeuillant Paris
Suivre un fil
Le fil de l'eau
Le fil des rues
Au fil des heures du temps qui passe
De fontaines en statues
D'arbres en réverbères
De feuilles en fleurs
De pétales en pleurs
De murs tatoués en galets sculptés
Suivre le fil des mots
A la rencontre de gens célèbres
Ou d'illustres inconnus
D'étranges destinées
Tissées ici et là
Dans l'ombre d'un couvent
D'une chambre d'hôtel
Ou derrière les glaces
Des cafés Saint Germain
Mythes et légendes
S'écrivent et se décrivent
En vers luisants en vers galants
Dans un souffle ou en cascade
Discrètement
Ecoute
Entends
Regarde
Vois
L'amour est autour de toi
© Mireille 23 décembre 2001 |
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Chanson de sable (Cherchez
Verlaine...)
J'ai laissé mes sanglots tout au long des sentiers
J'ai troqué les
violons contre des percussions
Je suis venue chercher le printemps en hiver
L'hiver est bien meilleur que
nos automnes exquis
Un pied devant l'autre sur les chemins de sable
Les épines blessent mais le cur
est content
La fatigue gagne mais la langueur s'efface
Un pied devant l'autre, n'est-ce
pas monotone?
Quand le soleil descend en étirant les ombres
C'est la fête
aux couleurs ! Tiens j'en suffoque encore
La lune blême au ciel est là pour
l'attester
En attendant que sonne l'heure de briller
Je me souviens ces jours : silence, ocre, bleu
Je me souviens ces nuits à scruter
le ciel noir
Tous ces astres anciens à des années lumières
A tant
les regarder me font pleurer les yeux
Non, je ne m'en vais pas, je reste avec le vent
Regardez-le passer, il
n'est pas si mauvais
Il emporte des grains, au fin fond du désert
Afin que vie reprenne
après les feuilles mortes.
© Mireille 8/02/04 |
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Islande
C'est un pays changeant, touchant, émouvant
Au soleil, sous la
pluie, dans le vent, le brouillard
Y'a toujours un reflet, une lumière égarée
Palette
de couleurs, arc-en-ciel déployé
Un torrent précipite ses eaux dans la faille
Des fumées sulfurées s'échappent
des rochers
Jets de vapeurs et jets d'eaux jaillissent du sol
Des boues gargouillent
dans les gueules du diable
A quelques pas de là un glacier se déchire
Libérant
cendres et scories, pierres de lave
En Noir et blanc la plaine étire
ses sables
Repoussant l'océan et ses puissants courants
Dans la prairie fleurie, une maison en tourbe
Le gazon de son toit la
dérobe au regard
Trois moutons blancs arrachent à la falaise
rouge
Une maigre pitance de mousses et de lichens
Et des chevaux gambadent autour du marécage
Dans les joncs de
coton, les angéliques en fleurs
Un sterne arctique au ciel, fête
les jours sans nuit
En attendant l'hiver, la longue nuit polaire
Viendra alors le temps des esprits, des génies
Nains de lumières, géants
malveillants :
Trolls, Sorcières, Revenants, Elfes, Valkyries
Nous observent. Je
les ai vus, même entendus
Trônant dans les châteaux noirs, figés sur les crêtes
Ils
ont joué pour moi des orgues de basalte
Leurs chants vibrent encor
comme une nostalgie
Depuis la nuit des temps, des créatures hantent cette île
boréale
Hélas, jamais, vous ne verrez leur image sur une
carte postale.
© Mireille 26 août 2004
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Fleur d'Afrique
Je reviens de très loin les yeux chargés de fleurs
Des coeurs de liserons,
Des pétales de liane
Et d'autres dont le nom échappe à ma mémoire
Le printemps en avance dans ces contrées lointaines,
fait crouler les manguiers de grappes parfumées
Entre les larges feuilles des nénuphars géants,
les mares s'embellissent de capitules blancs
Sur les rameaux rampants s'entrouvrent des trompettes,
promesses annoncées de cucurbitacées
Les tiges des oignons éclatent en blanches ombelles
Et celles du tabac en bouquets odorants
Mais la plus belle fleur s'exhibe en noir luisant
La tête auréolée de couleurs chatoyantes
Déployant tant d'ardeur à subsister malgré
Le minimum vital, le manque d'essentiel,
Le presque dénuement
Du petit matin au petit soir, sans cesse elle s'acharne
Lentement, en mesure et sans ménagement
Regardez-là grimper les chemins escarpés
Sous le soleil de plomb, son bébé sur le dos
Arborant au sommet provisions d'eau, de bois,
Regardez-la se balancer au rythme du pilon
Pour quelques grains de mil arrachés aux épis
Regardez-la pliée sur la pierre-mortier
Ecrasant au galet la pâte de karité
Admirez sa fougue à partager sa joie
Entraînée dans la danse par les coups de tambours
les battements de mains et les sifflets stridents
Admirez son sourire, sa gaieté, sa grâce
quand la journée finie, son instinct de survie lui fait aimer la vie.
C'est une belle fleur, une femme d'Afrique
Que même l'harmattan ne peut déraciner.
© Mireille 17 février 2005, de retour
du Mali |
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TDM (Inspiré par " Syracuse" de
Bernard Dimay)
J'aimerais tant voir la banquise
Jouer avec les otaries
Chasser le phoque à l'esquimaude
Dormir au soleil de minuit
Gravir les montagnes de Perse
Rêver sur les steppes mongoles
Dans un sleeping Transsibérien
Et me réveiller à Pékin
Voguer sur la vague océane
Humer l'opium et le saké
En écoutant claquer le vent
Dans la voilure du sampan
Franchir le cap de terre australe
Où le vent corne dans son horn
Partir sur les neiges andines
Où dorment les fils du soleil
M'envoler vers nos origines
Sur les ailes du grand condor
Regarder par la fente vive
Battre la terre une fois encor
Avant que la Camarde ne vienne
Faucher ma vie, j'aimerais tant
Faire le Tour De notre Monde
Pour m'en souvenir dans la mort.
© Mireille, le 5 juin 2006 |
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Mémoire africaine
Demande à la poussière, à la poudre des dunes
La mémoire millénaire est inscrite dans l'aride, dans le cri
de la pierre qui se fend au soleil, dans les vapeurs vibrantes qui brouillent
l'horizon, dans le frémissement des racines fossiles sous les rayons
glacés de la lune argentée.
Emportée dans la boue de l'oued renaissant sous les torrents de gouttes
quand le ciel se déchaîne
Emportée par le vent jusqu'au-delà du temps, par-delà l'outremer
des puissants océans. Des nuages ocrés flottent dans la lumière.
Messagère nomade, lointaines existences, fables, sortilèges,
mirages, contes, légendes. Des rêves indigo sillonnent le désert.
Demande à la poussière,
À la poudre des dunes
De conter dans un souffle
L'histoire de sa terre.
Le baobab recèle les secrètes palabres, les paroles de tam-tam
et les rites ancestraux
L'ombre des acacias abrite l'épopée des troupeaux, des chasseurs,
des bergers. De ces êtres qui vont, depuis l'enfance du temps, du désert
au Sahel, du sable à la savane.
L'humide touffeur du tumulte végétal
Anarchique incertitude, menace invisible
Entretient le mystère des racines de l'hommes
L'Afrique bat le rythme des jours des nuits
Endurer les heures d'extrême chaleur
Oublier la faim dans la torpeur
Sa vie s'écoule fatalement
Il ne peut en être autrement
Elle tremble sous la fièvre
On la croit moribonde
Et se tord de douleur
On annonce sa fin
On l'assassine
Crise de folie
Elle agonise
Elle expire N
Au bout O
Il y a N
Le cap
La vie
Vis !
© Mireille 31 mars 2005 |
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Angélique Ionatos et Nena Venetsanou chante Aerion
Epeon
Kriti
Dans quelques heures, je quitterai la Crête.
C'est une île magnifique, loin des tropiques
Tournée vers le rêve et les légendes,
d'une Histoire vieille comme le Monde.
Hélios y est tout puissant
avec Eole et son cortège d'enfants
pas toujours sages
Les uns sculptent le calcaire aride,
façonnant des criques cachées pour les ébats des néréides
les autres soulèvent les flots, déchaînant la colère
de Poséidon.
Qui a son tour assaille le roc
Où que l'on soit, la mer n'est jamais bien loin
Je la sens, je la devine, je la vois
Derrière les oliviers qui cascadent en terrasses
Au pied de la gorge qui descend de Samaria
Du plateau de Lasithi où la toile des moulins joue avec le vent
Depuis cette église à trois nefs, blottie parmi les cyprès
qui dominent Kritsa
et où vibrent tant d'âmes :
Kazantzakis, Mélina Mercouri, Jules Dassin...
Sa couleur outremer est ombre des profondeurs
Parfois elle est tendre et légère comme le bleu du ciel
et offre aux caïques un boulevard de pêche
Tantôt elle se pare de reflets turquoise
et pose un sourire sur le visage ruiné des antiques cités
Phaitos, Itanos, Zakros, Gournia
Et toujours elle agite ses crinières blanches
Poséidon, son maître, veille
ses chevaux blancs s'y démènent au large.
Elle aurait tant à dire, cette mer qui a porté des vagues d'occupants
Les traces sont gravées dans la pierre, la mémoire, la chair
des habitants
Le lion de Saint Marc sur le port d'Héraklion
La monumentale fontaine vénitienne de Spili
Les églises byzantines ou romaines
Lieux saints travestis tour à tour en sanctuaires chrétiens ou
musulmans
Mais plus fort que le bourdonnement des abeilles,
plus aigu que le chant des cigales dans les oliviers centenaires,
Arkadi, résonne encore des cruautés ottomanes
Rappelez-vous "Cette flamme allumée dans cette crypte qui a
illuminé toute la Crète glorieuse était une flamme divine,
qui fut l'holocauste des Crétois pour la liberté!" (1)
La fraîcheur sous la treille, la sérénité du monastère
ne peuvent faire oublier le massacre.
Où étais-tu Héraclès l'invincible ?
Ton immortalité t'aurait-elle rendu impassible,
insensible au sort qui a meurtri ton île ?
Tu as fait fi de tes exploits, de tes travaux presque impossibles !
Et toi Zeus, aurais-tu oublié la menace qui pesait sur toi à ta
naissance ?
Des nymphes les ruses et des Curètes les prouesses
afin de te soustraire à ton père Cronos et son appétit
vorace ?
Ton séjour sur l'Olympe aura eu raison de ta sagesse ! Cette île a lutté comme a lutté la mer
et elle lutte encore
On sent bien par endroits comme un sourd grondement
issu de ses entrailles, un tremblement d'effort
les cubes des maisons délaissées sont là, bringuebalants
près du nouveau village éblouissant de blanc et de bleu à l'image
de la mer
Les temples d'un autre âge ont perdu de leur splendeur passée
Des pans de murs déchiquetés, des colonnes brisées
témoignent eux aussi des sursauts de la Terre.
Seules les cornes du Taureau se dressent fièrement au fronton de Cnossos
Mais quand le soir descend sur l'étendue liquide
Une vague ruisselante de lumière argentée,
vient bercer dans sa mort l'innocence d'Icare.
Tandis qu'en Voie Lactée s'ébattent les Pléiades
Les odeurs familières s'élèvent de la terre
thym, olive, myrte, anis. C'est l'heure de l'ouzo
et du dernier repas dans la douceur de l'air, le clapotis de l'eau
Une table avec vue sur mer
octopus, pita, dolma, tzatziki, le miel du dessert
un vin blanc pétillant au parfum de résine
un luth et une lyra entament une mélodie, une voix chante la mer
La mer, pour quelques heures encore…
Demain je quitterai ce trait d'union entre l'Europe et l'Afrique
Kriti, reine de la Méditerranée
1. Phrase gravée à l'entrée de la
poudrière où plusieurs centaines de femmes et d'enfants se sont
enfermés et fait sauter pour échapper à la cruauté des
Turcs
©Mireille le 27 juillet 2007 |
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Je voudrais pas crever...
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir humé
Le parfum rare et cher
Du pays des mystères
Les fumeries d'opium
Gentils coquelicots
Senteur de Marie-Jeanne
Et de liqueurs magiques
Je voudrais pas crever
Sans avoir regardé
Fleurir le Sahara
Flétrir les fleurs du mal
Sans avoir vu encor
Se lever le soleil
Au sommet du Sinaï
Et descendre la nuit
A Sainte Catherine
Sans savoir si je peux
Marcher sur la Mer Morte
Ou en Terre Adélie
Glisser sur la banquise
Plonger dans le royaume
Des cités englouties
Ou grimper dans mon arbre
De généalogie
Je voudrais pas crever
Sans avoir vu jaillir
Le magma de la Terre
Le soleil de minuit
Aurores boréales
Les étés des indiens
Et le sirop d'érable
Je voudrais pas crever
Sans avoir rencontré
Pirates et corsaires
Capitaine Némo
Les dragons asiates
Tarasque et Tartarin
Vendredi sur son île
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir touché
Le scarabée sacré
Les pierres de Louqsor
Les sarcophages d'or
De la vallée des Rois
Quand les rois du désert
S'appelaient Pharaons
Je voudrais pas mourir
Sans avoir dit je t'aime
A chacun dans sa langue
Au pied de Babylone
On peut toujours rêver
Sans avoir dissipé
La nuit et le brouillard
Sans avoir découvert
Les enfants africains
Souffrir d'indigestion
Et les guerres tribales
S' achever dans le rire
Je voudrais pas partir
Sans avoir pu goûter
Au printemps les cerises
Sans avoir assouvi
Mes envies, mes désirs
Les plus noirs, les plus fous
Sans avoir déroulé
Le fil, belle Ariane
Pour déjouer le jeu
Du monstre Minotaure
Et semer en dédale
Celle qui me poursuit
Avec sa faux : la mort
J'ai tant de choses à voir
Et tant de choses à faire
A l'envers, à l'endroit
Avec n'importe qui
Avec n'importe quoi
Choses sans queue ni tête
Et sens dessus dessous
Je ne veux pas mourir
Avant d'avoir connu
Le mal qu'on dit de vivre
Avant d'avoir goûté
Le paradis sur terre.
Un avant goût je crois
De l'immortalité.
© Miréio 8 avril 2003 |
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Annapurna circuit
Autour des Annapurnas il y a
des sommets audacieux
des villages perchés
des chemins escarpés
des pistes poussiéreuses
des passerelles vertigineuses
une population courageuse et chaleureuse
des sourires authentiques, des paroles encourageantes et bienveillantes
des chutes d'eau ébouriffantes
des torrents turbulents
des altitudes phénoménales
la chaleur tropicale, le froid polaire
le jour qui se lève, la neige qui rougit
le vent qui époussette les crêtes et houspille les glaciers
la lumière tranchante comme un éclat de cristal
Il y a aussi
les yaks, les vaches
de petites vaches à la queue touffue, aux cornes fines
les chiens
les moutons bleus qui ne sont pas bleus
des chèvres de toutes races et de tout poil.
Tout ce petit monde batifole dans l'espace minéral
autour de buissons aux épines monstrueuses,
de touffes de végétaux rampants, de coussins d'arbustes nains,
chacun à la recherche de jeunes pousses tendres que le printemps qui
vient
encourage à sortir de terre.
Ailleurs c'est la forêt, d'immenses forêts
de sapins, de pins, de cèdres,
de genévriers qui grimpent sur le flanc des montagnes jusqu'à 4
000 mètres d'altitude.
Avant il y avait des bouleaux, des chênes, des érables,
des arbres à feuilles
caduques mêlés à quelques pins.
Après ce sera des étendues de mousses et
de lichens jusqu'aux neiges éternelles,
la toundra, végétation typique de l'arctique.
Partout sur ce long itinéraire qui va de Besisahar à Tatopani
en passant par le col de Thorung-la, les mules lourdement chargées
peinent sur les sentiers pentus, rocailleux, glissants. Je les croise,
elles me doublent, Moi, avec mes deux pieds bien chaussés,
mon sac à dos léger, léger, qui m'escrime à gravir
des dénivelés parfois faramineux.
© Mireille Jj Avril 2017  |
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Moscou
Et maintenant que vais-je faire…
Ils sont tous partis
Aleksandra est à Bali
Elle se promène sur les plages vides. Illégal !
Elle se prélasse au bord d’une piscine, sans souci
Aizada est retournée dans son pays,
dans sa jolie ville d’Almaty. Confinée !
Je n’ai pas de nouvelles de Katherine
Fin janvier elle était à Iguasu
Elle aussi a des ailes aux talons
Au consulat français, mon ami Nicolas est confiné
Et moi je suis ici, perplexe
Que vais-je faire, que puis-je faire ?
Nuit et jour, un silence de mort enserre la ville
ses barres d’immeubles uniformément froids et gris
avec les mêmes rideaux sur les mêmes fenêtres
Les rideaux, je les ai ôtés.
Le jour, je laisse entrer la lumière du soleil
La nuit, je laisse sortir la lumière artificielle,
comme un fanal qui dirait : Venez, je ne dors pas, je veille.
Et maintenant que vais-je faire…
Comment échapper à cette rengaine ?
Rêver, se laisser emporter par le flot régulier de la Moskova
jusqu’à la Place Rouge, ses couleurs, sa fantaisie
Quand pourrai-je y aller ?
Quand pourrai-je, au café Pouchkine, déguster un Tchak-Tchak
accompagné d’un Sbitène chaud ?
Mireille 6 mai 2020 |
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