L'Altiplano hors sentiers battus. L'idée d'Iza me plaît.
Je lui emboîte le pas.

Nous sommes ici pour visiter ces églises, joyaux de la Bolivie, trônant
à plus de 4000 mètres d'altitude.
Nous ne verrons que celles de Curahuara de Carangas et de Calamarca
 
A Carangas, l'église est un joyau. On la visite comme on visite
un musée. Elle est entièrement peinte du sol au plafond,
jusqu'au baptistère installé dans la crypte.
Trois couleurs, vert, blanc, rouge décrivent l'histoire sainte.
Les acteurs sont tous là : Abel et Caïn, Abraham et Isaac,
Adam et Eve, Noé et son arche…Il y a même le diable
et le Christ bien entendu. Et la colombe qui tente désespérément
d'apporter la paix.
On y rencontre aussi La Pachamama, Terre-mère
des Indiens. Elle persiste avec la Vierge. On la retrouve un peu partout,
dans les Andes surtout.
mais ailleurs aussi.
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La Pachamama, sculpture sur une tombe du cimetière de Recoleta à Buenos
Aires. |


Cette église peinte me rappelle les anciennes églises éthiopiennes
de Lalibela et du Tigré.
Vue de l'extérieur, l'église est trapue. Ses murs épais
soutenus par de massifs contreforts ajoutent une impression de lourdeur.
Elle semble écrasée par l'élégant campanile
bâti sur un modèle identique à celui de Calamarca.
Il n'y a pas de vitraux. Quelques ouvertures laissent passer un peu de
jour.
Le blanc domine. Du chaume roux recouvre le toit. Deux marches accèdent à l'entrée
fermée par un portail en bois encadré de peintures.

La
guide nous invite à monter dans le clocher. Toutes ces cloches
! Des petites en haut, des grosses en bas. Certaines sont ébréchées
ou fêlées. Elles portent des inscriptions latines. L'une
d'elles est de 1843.
Le panorama est beau du clocher. Interdiction de photographier la caserne.
Mais
peut-on tirer sur les câbles attachés aux battants des cloches ?!

Une vieille, très vieille église domine la ville. On ne
peut y pénétrer. De part et d'autre de la façade,
trônent deux clochers. L'unique cloche s'est arrêtée
de sonner. La chaux blanche en partie emportée par la pluie laisse
apparaître la couleur de la terre.
Un chemin de croix commence ici et finit tout en haut de la colline.
Quelle vue du sommet ! Des roches rouges érodées, des champs
en terrasses, des troupeaux de lamas qui paissent dans de rares carrés
d'herbe, des chullpas (anciens tombeaux royaux en pisé, grands
comme des maisons) et le Sajama enneigé, imposant du haut
de ses 6 542 mètres d'altitude et fier d'être le toit de
la Bolivie.
Buenas tardes, buenas noches lancent les villageois sur notre passage.
Cliquez, agrandissez les chullpas
On cherche un endroit pour la nuit. On nous montre la petite dame assise
devant son échoppe. L'épicière veut bien nous louer
une chambre.
Son épicerie est un vrai bric-à-brac dans lequel elle semble
s'y retrouver. Ce soir c'est un va-et-vient incessant. Qui pour une bougie,
qui pour du papier crépon ou des piles. Quand elle n'a pas de
monnaie, elle rend en bonbons ou en amuse-gueule.
Elle nous parle de sa vie, nous questionne aussi. Non, elle ne fait pas
restaurant, pour manger il faut tourner la rue, vous verrez, quand c'est
ouvert, l'ampoule est allumée.
Sur la place, ce soir, c'est la fête. Une équipe sportive
est à l'honneur. Fanfare, défilé. Tout le village
est là. Mais bientôt les lanternes chinoises s'épuisent.
Nuit noire.
haut

De
l'église de Calamarca, on aperçoit d'abord le campanile
en pierre ocre, au bord de la place. Un dôme blanc est posé au
sommet et tout en haut une croix d'archange (sorte de croix de lorraine).

L'église est derrière, au fond de la cour. Les murs de
la nef sont couverts de tableaux représentants des anges baroques,
des anges militaires et des archanges arquebusiers. Raphaël, Gabriel,
Uriel, Laeiel…Ils sont tous là, richement vêtus. Ors,
dentelles, brillance des couleurs ajoutent à leur maniérisme.
Ces tableaux, anonymes pour la plupart, ont été peints
au XVIIe siècle. Ils ont fait l'objet d'une exposition en la chapelle
de la Sorbonne de 1996 à 1997.
L'Express en a brossé un beau portrait sur cette page : CLIC
L'union latine en parle aussi : Clic
clac
Et là, on peut voir quelques uns de ces tableaux surprenants. re-clic
La visite est extrêmement réglementée :
On ne peut pas monter dans le
clocher.
On ne peut pas prendre de photos, même sans le flash, cela va de
soi.
On paye 25 bolivianos au lieu de 5 Bs parce que nous sommes étrangères,
même pas résidentes...
Photo de l'affiche trouvée dans le centre culturel
Ce soir nous dormirons dans un centre culturel. Petite chambre glaciale,
deux lits à étage, ni draps, ni couverture. Nous utiliserons
nos chauds duvets et nous nous priverons de douche glacée.
Pour manger, l'unique restaurant local propose une soupe de quinoa et
du riz agrémenté de quelques légumes et d'un bout
de viande.
Si les hommes portent des bonnets à pompons et des
ponchos, ce n'est pas pour faire couleur locale. Ils viennent d'assister à des
funérailles.
Quant aux femmes, elles sortent d'une réunion cantonale, plus
ou moins politique, plus ou moins engagée pour améliorer
le sort des générations futures. Elles travaillent avec
conviction, contre la violence, pour la contraception, pour la santé,
l'éducation, bref pour faire avancer les choses comme nous explique
Elysbeth.
Dans ces contrées isolées, les habitants parlent différents
dialectes. Aymara ou quechua. Elysbeth devise en espagnol avec Iza. Je
saisis quelques mots à la volée, tout en prenant des photos à la
dérobée.
 
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