Au sortir de Valparaiso c'est tout de suite la brousse.
Herbe sèche,
cactus, puis plus rien.
Nu.
Seules les éoliennes résistent au vent du Pacifique et
brassent l'air entre le ciel la mer.
Bleu blanc bleu
Blanches les longues vagues qui déferlent sur la grève.
Blanc le guano sur les îlots rocheux
Une mine à ciel ouvert, des montagnes déplacées.
Terre
grise, sable gris
Quelques cabanes de mineurs, une église en planche puis plus rien.
L'aride.
Atacama
Désert de sable
De sel
De soleil
De vent
Désert où des embruns brûlants jaillissent
de la terre
Où le chaud et le froid se liguent contre les êtres
Où la lumière n'est plus que flèches
mortelles
Atacama
Désert
Atacama c'est aussi la terre des esclaves. Celle
des résistants. Le souffle du Che rôde ici.
Les souffrances, les cris. Le spectre des torturés et disparus
de la dictature est gravé dans le sable et la pierre.
Comme un fantôme ambulant, le bus traverse des villes grises.
Villes mortes ou endormies et disparaît dans un nuage de poussière.
Dans la nuit étoilée, se dessinent les dômes blancs
des observatoires astronomiques branchés sur l'univers, 365 jours
par an.
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Mon auberge ressemble aux habitations africaines.
Aux heures chaudes on se réfugie sous l'ombre douce du tamaris
maigrichon, des bambous tressés et des toiles de jute tendues
en travers de la cour intérieure.
Hamacs, bancs de pierre, tables en bois offrent un salon-salle-à-manger
très convivial autour d'un foyer qui, le soir venu, réchauffe
l'atmosphère.
Ne rêvez pas tout cela est très rudimentaire.
Je me sens à l'aise ici à 2500 m d'altitude, dans l'immensité du
ciel toujours bleu
" Sous le soleil exactement"
Il fait sec, il fait chaud, les nuits sont fraîches
L'air est si pur qu'il réduit considérablement les distances
A vu d'œil seulement
Le volcan Licancabur semble à deux pas de la porte
Je resterais bien quelque temps à San Pedro. Combien de temps
?
La crainte de n'avoir plus envie de rentrer. C'est cela qui me retient.
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El Tatio
7 h du mat, moins 10°Celsius. Le soleil n'est pas encore levé.
Nous le sommes depuis quatre heures.
Le jour pointe. Un brouillard mouvant
nous enveloppe, des fumerolles blanchâtres
s'élèvent vers le ciel.
Petit-déjeuner, à la lueur des phares. Le café brûlant
refroidit vite. Dans les gants, les doigts durcis par le gel peinent à tenir
la cuillère, la tartine, le gobelet.
Comment vais-je faire pour appuyer sur le déclencheur de l'appareil
photo ? Et si l'appareil se bloque comme l'hiver 2001 au Québec ? Si
le miroir refuse de pivoter ?

L'horizon
rosit. Les vapeurs s'agitent de plus en plus. Elles s'épaississent,
s'étirent vers le ciel.
La terre se réveille. L'eau glougloute, s'échappe du sol par
petits jets bouillants et soudain une colonne d'eau s'élève.
Un geyser que le froid pulvérise aussitôt en fines gouttelettes
givrées.
Le soleil monte vite, il inonde le site qui perd de son piquant.
Le froid pique toujours autant.
Une piscine improvisée attend les courageux. L'eau est chaude, c'est
un plaisir. Pourtant il faudra bien en sortir. Les habits sur les pierres ont
durci. Gelés.
Ce jour-là, le froid ne m'a pas quittée.
A l'extrême
nord comme à l'extrême sud du pays, la nature
est forte et violente. J'aime cette force qui se dégage de la
Cordillère
de Sel, de ses salars, des petits villages perdus dans l'Altiplano
(plaine d'altitude).
J'aime aussi la vitalité, le courage, la douceur et la beauté du
peuple atacamène.
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Lagune Piedra
Aucun risque d'être changé en statue de pierre
En statue de sel. Peut-être
A peine sortie de l'eau
Les fleurs de sel éclosent sur la peau
Les lagunes ne manquent pas sur l'Altiplano. Certaines
salées, d'autres douces, d'autres encore où il ne fait
pas bon plonger un pied dedans, sans compter les éléments
toxiques ; l'arsenic entre autres. Cependant chacune a son charme surtout
quand par chance on croise un troupeau de vigognes venues brouter quelques
touffes de cette herbe fine et légère qui forme la puna.
Les flamants et autres oiseaux y passent leur vie, tantôt à la
chaleur, tantôt dans le froid mais toujours dans la paix. C'est
au petit matin qu'il faut y aller, assister au lever du soleil, quand
les échassiers dorment encore, une patte tendue l'autre repliée,
la tête posée sur le dos entre les deux ailes, le bec enfoui
sous les plumes. On s'approche en grand silence, sans précipitation.
Pas un souffle d'air, l'eau est un miroir lisse qui commence à refléter
les premières lueurs de l'aube. Une si grande beauté fait
oublier le froid.

Flamants des Andes |
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 Flamants
de James droitefl
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Flamants des Andes (parina grande, Phoenicopterus
andinus), flamants du Chili (flamenco chileno, Phoenicopterus chilensis)
et flamants de James (parina chica (Phoenicopterus jamesi) se
retrouvent ici dans la laguna Chaxa.
La vigogne vient y boire et goûter cette herbe fine caractéristique
de la puna et le renard attend au bord du chemin une gourmandise jetée
par la fenêtre d'une auto.
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Renard |
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Vigogne
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Aridité, eau poison, froid et pourtant dans cet
environnement inhospitalier, subsistent encore de petits villages (Socaire,
Machuca, Toconao). Chacun possède sa petite église badigeonnée
de blanc. Pour survivre : élevage de lamas, culture de pommes
de terre, quinoa, potagers
Toconao : un âne et un lama (symboles de ces villages de l'altiplano)
vous regardent passer le seuil de la porte de l'église. Vous verrez
le campanile en sortant, d'un blanc éblouissant sous le soleil ardent.

Cliquez sur l'église |
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Non ce n'est pas une maquette,
c'est le petit village de Machuca posé dans
une vallée
de l'Altiplano chilien. A 4 000 mètres d'altitude il fait
très
froid et le petit ruisseau
encore gelé à 10 heures passées ressemble au papier "d'argent"
de la crèche, tout comme son église accrochée à la
pente.
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Cliquez et entrez dans le clocher de l'église
de Socaire, mon amie
Carolina y est déjà. De là-haut vous avez la
vue sur les potagers. Les terrasses de l'époque précolombienne
sont peu à peu abandonnées. Un système de canaux
amène l'eau des lagunes.
Justement les lacs Miscanti et Miniques sont tout près.
Allons-y. |
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Miscanti à gauche, Miniques à droite
J'avais apprécié l'accueil et l'amabilité des
Argentins, à San Pedro j'ai retrouvé cette chaleur, cette
simplicité. Les chiliens ne sont pas avares d'affection. Ici pas
de serrements de mains pas de bises jetées machinales sur les
joues, non. Ici c'est des abrazos et des besos grande.
26 mars 2010
Devant l'incertitude de la réouverture du site de Machu Pichu, je renonce à passer
au Pérou.
Demain, je prends la route vers la Bolivie, à travers l'altiplano et
le salar d'Uyuni.
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Créé le
30 mai, 2011
Modifié le
25 octobre, 2018
© Chili -2010, Mireille Jeanjean.
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