La maison où je dors est une maison traditionnelle
Jardin fleuri et temple familial
Autels destinés au culte des ancêtres
Chaque matin devant ma porte
Une offrande et son bâton d'encens

Le chien est savant et se plaît à vous saluer
Debout sur ses pattes arrière
Pattes avant en prière
Qu'il agite de bas en haut à la vitesse de l'éclair

Mais il ne sourit pas
Je lui trouve même l'air revêche

Les insectes bruissent dans le soleil brûlant
Le vent couche les hautes touffes d'alang alang
Qui couvrent les pentes
Les longues feuilles de cette plante
Sont utilisées pour confectionner les fameux toits
Des greniers à riz
Je m'attarde dans l'entreprise familiale
Epatée par la dextérité et l'agilité des mains
Attendrie par les sourires
Et l'accueil des ouvrières

Passez le pointeur sur l'image pour animer les mains

Les masques en revanche grimacent
Et quand sourire il y a il est sardonique
Comme dans ces spectacles traditionnels qui, la nuit venue,
Se tiennent dans l'enceinte des temples
Danseuses et chants retracent les épopées anciennes
Eternelle lutte entre le bien et le mal

Ubud c'est aussi la jungle
Une végétation luxuriante couvre les pentes
Quand les cultures n'accaparent pas l'espace.

Je descends au fond d'une étroite vallée
Exercice périlleux par un escalier vertigineux,
Sur un terrain instable
Marches irrégulières
Très hautes
Sans main courante pour assurer un équilibre fragile

En bas, je chemine sous un tunnel de verdure
Personne. Pas un bruit
Sauf la turbulence de la rivière
Et les stridulations d'un insecte
Que j'ai pris pour le chuintement
D'une ligne à haute tension

Et puis soudain des cris et des éclats de rires

Partie de baignade ?
Non, des travailleuses.
Un dur labeur dans le bonheur
Plongées dans l'eau jusqu'au cou,
Elles attendent panier sur la tête,
Que le plongeur remonte le sable du fond de la rivière
A chaque plongée il en ramène une pleine cuvette
Qu'il verse dans le panier
Va-et-vient des femmes soumises au rythme de l'immersion de l'homme

Arrêtée au milieu d'une passerelle vétuste
Je les regarde longuement
Perplexe quant à l'illusion de la joie

Que de cours d'eau, ici !
Une passerelle suspendue, sorte de pont de singe, enjambe le lit d'un torrent
Quelques mètres plus bas des eaux troubles et rapides

Le bruit du courant monte jusqu'à moi
Après être passée devant l'autel protecteur je m'engage
Sereine sur les planches qui grincent

Je m'arrête au milieu pour regarder

Je n'avais jamais dominé un palmier
Vu de dessus c'est joli comme une énorme fleur verte
Pleinement épanouie

 La végétation est si dense qu'elle dissimule parfois la rivière

Outre ces amusantes bêtes
La forêt est intéressante par sa végétation touffue et variée
Les figuiers banian touchent le ciel
Leurs lianes nombreuses et serrées
Descendent jusqu'à former un rideau
Dans ce fouillis d'arbres, Pura Dalem Agung
Le temple de la mort
Les singes gambadent sur les statues moussues
L'humidité est à son maximum