Feliz año nuevo ! Bonne année !
Mais à qui souhaiter les voeux ?
A ces tas de bouteilles et d'emballages abandonnés sur les trottoirs
?
1er janvier au petit matin, la capitale dort.
Incroyable
cette paix, ce calme.
Des avenues vides dans une ville de trois millions
d'habitants.
Quelques taxis, quelques bus. "
Prends le Manuel
Tienda Leon" (navette entre aéroport et la ville), me dit Osvaldo
au téléphone.
C'est quarante-cinq pesos"
Osvaldo, c'est mon logeur, un couchsurfeur.
Surfer sur un canapé au
vingt-et-unième étage de l'avenue Corrientes, à deux
pas de l'obélisque. Quelle aubaine ! Je me voyais déjà photographier
les toits de la ville, de jour comme de nuit. Et la circulation. Et les
passants pas plus gros que des fourmis.
Il a ri Osvaldo quand j'ai débarqué chez lui avec mes gros
souliers et mes deux sacs à dos. L'un derrière, l'autre devant.
Les invités
Quand je suis arrivée ce soir, la maison était pleine.
Osvaldo a invité ses amis porteños (gens de Bs As). Il
y avait aussi un jeune Français de passage sur la route du grand
sud et un Espagnol en voyage lui aussi.
Beignets, empanadas, milanese, vin argentin pour une soirée conviviale
et très gaie. C'est au moment de se coucher, qu'elle s'est invitée.
Par la fenêtre ouverte (il fait si chaud), elle s'est glissée
et vole maintenant dans toute la maison. Osvaldo n'aime pas les chauve-souris.
Elle n'a pourtant rien d'un vampire. Avec force diplomatie, et beaucoup de
persuasion, nous avons réussi à la chasser par là où elle était
entrée.
Les premières fois
Premier janvier
Premier regard sur la grande ville
Premiers empanadas (chaussons fourrés de viande ou de légumes)
Premières rencontres
Maria l'Argentine, Domitille la Française
Premier autobus de longues distances
Maria est aussi couchsurfeuse. Elle
parle très bien le Français.
Nous avons "clavardé" sur Internet. Rendez-vous est
pris.
- "
Je suis grande, brune, je t'attends devant la farmacia " me dit-elle.
- Je suis brune, nous avons le même âge.
Elle m'emmène visiter son quartier. Palermo, ses ruelles ombragées,
ses pavés, ses vieilles maisons rénovées. La maison
où vécut Jorje Luis Borges n'existe plus, mais à deux pas
de la place Cortazar, une plaque affiche quelques vers de l'écrivain
:
" Una manzana entera pero en mita del campo
Presenciada de auroras y lluvias y sudestadas
La manzana pareja que persiste en mi barrio
Guatemala, Serrano, Paraguay, Gurruchaga"
Nous laissons nos pas musarder dans les parcs, les
jardins, sur les places où trônent les statues offertes à l'Argentine
par de nombreuses nations du monde, le long des larges avenues. Libertador,
quel joli nom !
Et soudain voilà les Porteños. Ils sont tous là, non pas
pour fêter une quelconque victoire, mais pour assister au départ
du "Dakar" ! Oui, un Dakar loin de l'Afrique, transposé en
Argentine et au Chili.
Maria me parle de la vie, de ses voyages, du tango, de son pays, de
San Martin. José de San Martin, le grand libérateur, qui a chassé les
forces espagnoles du continent sud-américain. Cet exploit lui vaut
sa statue équestre dans presque toutes les villes argentines et
des noms de rues jusqu'au Chili. Elle me parle aussi de sa famille venue
de France et d'Espagne. Nous finissons la journée autour d'un verre.
Première cerveza (bière) sur une terrasse ombragée.
Domitille est arrivée, elle aussi, le premier janvier
On s'est "connues" sur un forum de voyage
Nous nous retrouvons au pied de l'obélisque
Le grand, celui qui trône place de la République, qui n'a
de place que le nom
Je préfère dire au beau milieu de l'avenue 9 de julio
Empruntée par des bolides à quatre roues
Domitille est très jeune, je pourrais être sa mère
Une étincelle a jailli, le courant passe entre nous deux
Demain nous partons visiter les chutes d'Iguazu
Mille trois cents kilomètres au nord
Premier long trajet de nuit en autobus
Demain, mon amie Josette arrive.
Rendez-vous habituel : l'obélisque. Desayuno (petit déjeuner) dans un bar du coin. Là,
deux consommatrices nous voyant sous nos énormes sacs à dos
se sont écrié "loco" (folles) !
Folles peut-être, mortes de rire assurément ! J'aime la simplicité des
gens d'ici, leur facilité à communiquer.
A pied, en métro, en taxi, en bus, nous
parcourons la ville en tous sens. Je me sens un peu chez moi en retrouvant
la vaste métropole.
Place de Mayo, les "folles de Mai" (noms donnés aux
mères, grands-mères, femmes...des disparus de la dictature qui manifestent
chaque jeudi autour de l'obélisque) ne sont pas là.
Non loin
de là, c'est une manifestation de travailleurs sans travail. Drapeaux
rouge et noir, effigie du Che, chant, musique. Pacifique.
A pied, en métro, en taxi, en bus, nous
parcourons la ville en tous sens. Je me sens un peu chez moi en retrouvant
la vaste métropole.
Puerto Madero
L'ancien port est devenu un rendez-vous chic.
Entrepôts réhabilités.
Les grues s'offrent en décoration.
Jaunes.
Tandis que la Pasionaria déploie sa corolle rouge.
Les tours de verre et d'acier reflètent les nuages,
comme Floralis, la fleur géante qui ouvre et ferme ses pétales
métalliques du côté de Palermo.
Place Seeber. Voilà le Dakar qui revient.
La ville est très aérée, des places, des parcs,
des jardins donnent du souffle autour de la vieille ville aux rues étroites
et vieux bâtiments de charme. Place de Francia, place d'Italie…
Le cimetière monumental de Recoleta avec ses
femmes et ses hommes célèbres ou seulement très
riches pour passer leur mort dans le somptuaire
Et pour finir d'aggraver les ampoules aux pieds, un petit tour dans
le parc de la réserve écologique de la côte sud.
Là, le Rio de la Plata ressemble à l'océan. Un bateau
de croisière grand comme un immeuble s'éloigne du quai.
A Retiro, nous réservons notre billet d'autobus pour Puerto Madryn.
Il est temps d'entamer la descente vers le bout du monde.
Demain
J'ai dévoré Buenos Aires
J'ai respiré ses airs que l'on dit bons
Air du Rio de la Plata
Air de tango
Air des pots
....d'échappement
Accordéon, bandonéon rythment mes pas
Je cours vers ces statues qui jalonnent les rues
Elles viennent d'Espagne, de France, d'Italie…
Et viennent aussi d'ici
Quatre mois plus tard je reviens à Buenos Aires, poser mes pieds sur les
pavés usés.
De la rue Borges à la place Cortazar, les mots fleurissent jusque dans
les cafés
A moins que ce ne soit mon imagination
Tags, graffitis, peintures s'épanouissent sur les murs
A moins que ce ne soit une illusion
Cette fleur géante qui s'ouvre et se referme, éblouissante
de soleil
Et cette autre sur le port, rouge de passion
Sont bien réelles.
Avant de prendre l'air vers un autre pays
J'irai m'étourdir de tango
Dans les rues de San Telmo
Au kiosque de Belgrano
Ou au Bien Bohemio
Ecouter les succès de Carlos Gardel ou d'Astor Piazzola
A travers les voix de mes amis Pato et Violeta
En dégustant une Quilmès ou un cafecito