Comment aller dans la réserve naturelle
del Ibera sans dépenser
une fortune ?
Les propositions que j'ai eues sont inabordables.
J'ai
fait une croix dessus.
Pourtant comme j'aime l'eau !
La lumière à sa
surface et les animaux qu'on y rencontre.
Alors quand Inès m'expose
son projet, j'accepte de la suivre.
Posadas, Corrientes, Mercedes.
Une journée d'autobus pour arriver
au pays des gauchos.
Le 8 janvier pour célébrer Gauchito Gil.
Les petits autels rouges, le long des routes, c'est pour lui,
le Robin
des bois argentin, élevé au grade de saint !
Mercedes en fête, mais pas en liesse. Est-ce les
trombes d'eau qui tombent sur la ville ?
Entre deux averses, je vais arpenter les rues rectilignes, ombragées,
bordées de maisons basses aux façades tarabiscotées et peintes
de couleurs vives.
Après la pluie, nous allons au sanctuaire de Gauchito
Gil.
Les gens se pressent autour de l'icône, déposent des rubans rouges,
apportent des présents, posent les mains sur la statue en priant.
On présente les bébés au saint, on immortalise cette
journée.
Photo de famille.
Le commerce va bon train. Objets porte-bonheur.
Des salles tapissées d'ex-voto, des objets hétéroclites
pendent au plafond : Guitares, vélos, robes, T-shirts de football… Des
murs entiers recouverts de plaques minéralogiques….
Un vrai capharnaüm. Folle ferveur. Superstition...
Alléchées par l'odeur et les airs de musique,
nous pénétrons sous une tente. Il y a foule autour des longs plateaux
de bois couverts de toile cirée. Pas de touristes ici pour partager
la parilla (grillade)
et le verre de vino tinto (vin rouge). Si la viande n'est pas
particulièrement
tendre, si le rouge est plutôt acide,
l'ambiance est bon enfant. Chanteurs, guitares et accordéons. La musique
chamamé anime le repas. Quelques convives entrent dans la danse.
La danse des gauchos comme une lointaine polka.
Ce soir, concours des meilleurs couples de danseurs.
Les
longues jupes tourbillonnent, les larges pantalons bouffent, les chapeaux
plats à large bord restent bien fixés sur le crâne.
Les éperons sont restés à l'écurie, mais
les bolas (arme de jet formée de boules reliées par des cordes)
sont dans la poche.
Le bus pour Carlos Pellegrini ?
Une carcasse verte enrobée de boue rouge
Une grille métallique protège le pare-brise.
Contre quoi ?
Une machine tout droit revenue des années cinquante
Ou peut-être avant.
Antique bus sur piste chaotique, bringuebalant les passagers dans un
bruit infernal.
Des courants d'air bienvenus atténuent la chaleur qui règne en
ce début d'après-midi.
Pas de clim, mais des sièges confortables, de quoi supporter les quatre
heures de trajet nécessaires pour couvrir les cent vingt kilomètres
qui séparent Mercedes de Carlos Pellegrini.
Le retour sera tout autant aéré. Les vibrations de la machine provoquant
l'ouverture automatique des fenêtres à glissière. Hélas, à quatre
heures du matin, même en zone subtropicale, il fait frisquet.
La piste en latérite ouvre une blessure nette et sanglante sur les vertes
prairies grasses et humides où s'engraissent les bovins.
Pauvres vaches qui n'ont aucun train à regarder passer et qui se contentent
d'un pauvre bus délabré.
Ici, pas de pollution.
L'eau provient du ciel en supposant que les pluies ne soient pas acides.
Ni le Paraña ni l'Uruguay ne déversent une goutte de leur eau
dans cette réserve.
Quelle belle région que la Lagune Ibera ! De franches ressemblances
avec la Camargue.
Choeur de nuit
Si le silence existe, il est peut-être dans les Esteros del Ibera
Là, au milieu des lagunes scintillant sous le soleil de l'été,
un peuple vit en grand silence
Le yacaré fend l'eau sans soulever le moindre sillage
L'énorme lézard avance craintif. Aucun caillou ne bouge
A pas de velours, le chat sauvage cherche sa proie
Le cerf, poussé par la faim, ose s'aventurer hors de son refuge, sans
froisser une feuille
La jour décline
Le vautour décrit un dernier cercle dans le ciel
Le carpincho rassemble sa progéniture sans le plus petit aboiement
Le kamichi est déjà dans son nid sur les jacinthes d'eau
qui tissent avec les nénuphars des îles flottantes bien pratiques
pour bercer ses oisillons.
Les myriades de libellules, les escadrons de papillons viennent puiser l'ultime
gorgée de nectar
La lagune engloutit le soleil, le ciel est orange, l'eau miroite encore
La nuit tombe
Dans un soupir, le volubilis déploie sa trompette blanche
Le signal est donné, le concert peut commencer
Grenouilles, crapauds, cigales et autres insectes forment un choeur assourdissant
Ça chuinte, siffle, stridule, crisse, grince, bruisse
Je ne sais. Les sibilations d'une ligne à haute tension sont plus douces
Un vrai tapage nocturne en notes trop aiguës pour des oreilles novices
Il va pourtant falloir dormir malgré ce tintamarre
Et le sommeil vient car ce lieu respire la paix et la sérénité
Si le silence existe...
Dans les Esteros del Ibera le silence vibre de mille bruits.
Les mille bruits de la nuit se trouvent sur la video
Ca ne fonctionne plus. Je vais replacer le fichier.
Merci de votre patience