Prè Rup,
premier temple aperçu au petit matin, sur la route de Banteay
Srey. Le soleil rasant rehausse le rouge des briques et de la
latérite. Splendide cette pyramide à trois degrés.
C'est un bel emplacement qu'a choisi Rajendravarman à la fin du
10è siècle. A la même époque, très
loin d'ici, les Mayas bâtissaient la pyramide de Kukulcán.
   
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Et hop 45 minutes de tuk-tuk pour arriver au Banteay
Srei à 20 km de là. Mais elle n'avance pas cette
moto ! Je ne suis pourtant pas bien lourde et le terrain est plat.
Le
grès rose et la latérite dominent pour ce temple plat
construit en 967, sous le règne de Jayavarman V. Tous les murs
sont finement ciselés, les sculptures sont d'une délicatesse
exceptionnelle.
On y rencontre le nâga, Indra le roi des dieux sur Airavata son éléphant à trois
têtes, Shiva, le démon Ravana à plusieurs têtes et
bras multiples, le monstre Kâla, des gardiens à corps d'humains
et tête animales, on assiste à des scènes terribles : le
combat entre les deux frères singes Vâlin et Surgrîva. Frontons
et bas reliefs sont de vrais livres ouverts sur la mythologie indienne.
Je viens d'apprendre que Banteay Srei a été rendu
célèbre par André Malraux qui, en 1923, tenta d'y
dérober quatre apsaras.
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Eblouie par cette première visite, je franchis vite
le kilomètre qui me sépare du Mebon Oriental.
Construit
sur une île artificielle en 953 sous le règne de Rajendravarman,
il est maintenant entouré d'herbe car le Baray (bassin
de rétention) est à sec.
Ce temple ressemble beaucoup à son voisin Prè Rup
bâti quelques années plus tard.
Les gopuras sont en piètre état et parfois réduites
au seul encadrement de porte.
Un gopura est une petite construction qui tient lieu de passage lors
du franchissement d'un mur d'enceinte. Autant de murs d'enceinte autant de
gopuras en enfilade et cela sur chaque côté du quadrilatère.
Ayant franchi les deux gopuras, me voilà devant la porte de
la grande tour. Le sanctuaire. Une chance, c'est une vraie porte. Je grimpe
les derniers degrés et me voilà devant un Bouddha assis sur le
corps enroulé d'un nâga. Les yeux fermés, il médite,
protégé par le serpent qui déploie derrière lui
ses sept têtes. C'est un nâga mâle car s'il eut été femelle
il aurait eu un nombre pair de têtes.
Passez le pointeur
sur l'image et trouvez la différence majeure.
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Erigé à la
fin du XIIe siècle par Jayavarman VII, Ta
Som a été arraché aux griffes de la jungle.
Passé les gopuras,
il est difficile de se repérer. On avance entre les amas de pierres.
Les murs des galeries menacent de vous écraser.
Mais c'est là que j'ai trouvé des yonis (symboles
de la féminité).
On retrouve ici les tours aux quatre visages qui surmontent les deux
seuls gopuras. Les portes Nord et Sud sont fausses.
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Voilà Preah
Neak Poan construit par Jayavarman
VII à la fin du 12ème siècle. Au centre d'un
bassin carré, une île et sur cette île une
seule tour. Sa base est entourée
par deux serpents. Deux
nâgas. Leurs têtes matérialisent
l'entrée du sanctuaire, ils sont entremêlés par
la queue. Une statue du cheval volant Balaha est tournée vers
l'entrée
du temple. Vu l'enchevêtrement de jambes humaines sous le ventre
du cheval on peut penser à un sauvetage.
Quatre bassins plus petits communiquent avec le grand par l'intermédiaire
de gargouilles. Hélas l'eau manque et ces bassins sont à sec.
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Alors
qu'il avait dédié Ta Prohm à sa mère
quelques années plus tôt, le roi Jayavarman VII dédie Preah
Khan à son
père en 1191.
Encerclé par la jungle, encore attaqué par
quelques arbres, ce temple recèle, à mes yeux, de
petits trésors. J'ai découvert ici dans
les interminables galeries, un yoni couplé au linga
de Shiva, et un petit stupa;
sur le premier mur d'enceinte des énormes garudas, à l'entrée
des gopuras des Dvarapalas, ces redoutables gardiens armés
d'un gourdin. Hélas ils ont presque tous été décapités.
L'allée de terre qui mène au temple est bordée
de bornes sculptées
de petits personnages.
La chaussée
dallée qui franchit la douve est limitée à droite
et à gauche
de géants
fabuleux qui tiennent un nâga. Les géants de
droite sont des deva (dieux), ceux de gauche des asura (démons).
Les deux participent au barattage de la mer de lait afin d'en extraire
le nectar d'immortalité.
Les frontons relatent des
scènes
de la cosmologie hindouiste comme "la bataille de Langka" où l'on
retrouve le démon Ravana..." "Krishna soulevant le
mont Govardhana"
Les différents matériaux, la mousse, les lichens, l'oxydation
de la pierre créent
une harmonie de couleurs des plus agréables à l'oeil.
L'architecture est magnifique même si les Tetrameles nudiflora
(appelés à tort fromagers), ces arbres aux racines envahissantes, ont
causé d'énormes
dégâts.
  
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.
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Entrons dans la grande cité d'Angkor Thom. La
porte qui s'ouvre au bout de l'allée bordée de géants
de pierres est magnifique, immense. Est-ce la porte de la victoire ?
du Sud, du Nord ou une des deux portes de l'Est ? Peu importe, je tombe
en
arrêt devant cette étroite ouverture consolidée par
des barres de fer, surmontée d'une tour de pierres disposées
de telle façon qu'elles laissent apparaître un visage souriant.
En tournant autour de la porte on se rend compte qu'il y a quatre visages
identiques, chacun tourné vers un point cardinal. Ce visage est
celui du Bodhisattva Avalokiteshvara, une sorte de moine bouddhiste.
En regardant bien on voit d'autres sculptures, des petits personnages
en prière et au pied de la tour médiane des trompes d'éléphants.

Passée la porte, l'espace est plus ouvert. L'herbe
rase remplace la jungle. Les arbres occupent le pourtour. J'abandonne
la voie goudronnée, m'engage sur un sentier à peu près
roulant pour m'approcher de ces tours en briques. Un panneau m'indique
que ce sont les Prasats Suor Prat. Il y en a 12 (6 au
Nord, 6 au Sud). Je vais voir celles du Nord. Elles sont plus ou moins
en ruine, certaines en cours de restauration. Et derrière cet
alignement, je découvre un bâtiment bas, étroit,
une sorte de longue galerie. Mes recherches m'apprennent que c'est un Kleang,
celui du Nord a été bâti sous le règne de
Jayavarman V au début du 11e siècle.
Que de choses à voir dans la cité d'Angkor
Thom : les temples Baphuon, Bayon, Phiméanakas,
la terrasse des éléphants, celle du roi
lépreux, le palais royal. La fatigue me gagne, c'est immense,
je me perds et le temps presse car je veux assister au coucher du soleil à Angkor
Vat! Je passe rapidement. Un cliché par-ci, un autre par-là.
Me revoilà en selle.
   
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Angkor Thom ne s'est pas fait en un jour. Depuis les Kleangs
jusqu'à la terrasse du roi lépreux en passant par le mur
d'enceinte et les portes, il s'est écoulé plus de 200 ans
et une douzaine de rois se sont succédés. Nous sommes en
1270, le Brihadisvara hindou est terminé et Notre Dame de Paris
est en cours d'achèvement.
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Il était
temps, le soleil est déjà bien bas. Je suis le flot des
touristes sur la large chaussée dallée qui franchit la
douve qui sépare la route du site d'Angkor Vat et
mène au premier mur d'enceinte. Au sortir du gopura, les
immenses tours qui se dressent devant moi, rafraîchissent ma mémoire.
J'ai visité ce temple ce matin, je suis montée en haut
d'une de ces tours. L'escalier de pierres raide et difficile - car pour
arriver au royaume des Dieux il faut le mériter - est pour
les visiteurs doublé d'un escalier en bois avec rampe de sécurité.
J'ai déambulé des heures dans les galeries, autour des cours
carrées... dans les moindres recoins, intra et extra-muros.
J'ai admiré les superbes bas reliefs, les devatas plus belles
les unes des autres, les innombrables statues de Bouddha, tantôt assis
sur le nâga, tantôt debout, et même un petit Bouddha couché dans
un renfoncement de mur. Mais où sont les apsaras ? Je n'en
ai vu aucune ici. Elles sont pourtant bien jolies ces danseuses célestes.
Les devatas sont aussi attirantes avec leur sourire, leurs yeux fermés,
debout dans des poses gracieuses. On dit que ce sont des anges.
Après tout ce temps, je suis repartie par là d'où j'étais
venue : par le chemin de terre qui conduit à travers la jungle jusqu'à la
porte Est. Plus modeste et moins fréquentée que la porte Ouest.
Sans un seul panneau pour m'indiquer que j'étais à Angkor Vat
!
Alors que la cité d'Angkor Thom n'était pas
encore achevée, Suryavarman II décide de dédier à Vishnou
un temple-montagne. De 1113 et 1150, Angkor Vat dressera peu à peu
ses tours dans une harmonie architecturale exceptionnelle.
Ce soir il y a affluence. Les gens se pressent autour du bassin, les appareils
photographiques sont fixés sur leur trépied, les jeunes moines
posent pour la photo souvenir. Le soleil est là qui blondit le temple
et projette son image dans l'eau du bassin.
Un aperçu des photos, il
y en a d'autres dans la galerie. CLIC
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En
sortant d'Angkor Vat ce matin du 28 février, en continuant ma
route vers le Nord, j'ai rencontré Prasat Kravan. Ce
temple érigé en 921 n'a été commandé par
aucun roi. Il est modeste avec ces cinq tours en brique alignées.
Dédié au culte hindou, on y croise Vishnu et ses huit bras,
Vishnu parcourant l'océan, Vishnu et Garuda.... sur de magnifiques
bas-reliefs ainsi que des inscriptions.
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Il
commence à faire chaud quand je m'arrête devant Banteay
Kdei. A la fin du XIIe siècle, Jayavarman VII a
imaginé l'organisation
de ce temple à l'image des mandalas. On retrouve ici les tours à
quatre visages des gopuras mais aussi les apsaras, les
devatas, les dvarapalas autant de sculptures sur les
murs ou dans des niches. Hélas ici aussi les gigantesques Tetrameles
nudiflora ont endommagé les constructions de leurs racines rampantes.

Il suffit de traverser la route et une vaste esplanade domine Srah
Srang (le
bain royal). C'est Rajendravarman II qui, au milieu Xe siècle, aménagea
ce bassin, tout près du grand réservoir du Baray oriental.
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1186,
fin du XIIe siècle, Ta Prohm voit
le jour. Le roi Jayavarman VII qui l'a édifié, le dédie à sa
mère et à d'autres
membres de sa famille.
Le temple est encore sous l'emprise de la jungle. Les arbres géants
(Tetrameles nudiflora pour la plupart) coulent leurs racines le long
des toits, sur les murs jusqu'au sol où elles
continuent leur chemin meurtrier, tels des serpents. Les mêmes
arbres sont également gloutons de lumière et s'étirent
vers le ciel, leur frondaison s'étale à des mètres
et des mètres au-dessus du temple ne laissant filtrer que quelques
rares rayons de soleil.
Ici on consolide, là on coupe une racine...
Cet enchevêtrement de pierres et de racines, cette imbrication
du végétal
dans le minéral, crée une attirance que l'oeil accroche
et on en oublierait même
la raison de notre visite.
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J'ai
trouvé Ta Keo un peu par hasard, en cherchant
le chemin pour retourner dans la grande cité d'Angkor Thom et
arriver à temps à Angkor Wat pour assister au
coucher du soleil.
Ce temple-montagne est excessivement escarpé.
Les escaliers sont d'une raideur impressionnante. Les cinq tours se trouvent
sur la cinquième degré de la pyramide. Monter n'est rien... Et quand
on est tout
en
haut, au cinquième
niveau, devant la porte du sanctuaire, les visiteurs, 20 mètres
plus bas, paraissent bien petits.
Sa construction, commencée sous le règne de Jayavarman V, s'est
poursuivie sous Jayaviravarman et fut arrêtée quand Suryavarman
Ier accéda au trône en 1010. Je n'ai trouvé aucune sculpture,
aucune fioriture. Au premier étage, la
galerie est en mauvais état
. Le gopura est joli vu d'en haut.
La galerie avec d'autres
photos c'est par
là   
Retour à Siem
Reap. 5,5 km, pas de temps à perdre, la nuit tombe vite et les
lumières
très faibles en ville sont inexistantes en rase campagne.
Ce matin, légère et insouciante je suis partie sans trop
repérer l'itinéraire. Le souvenir d'un pont, d'un deuxième, l'odeur nauséabonde
et puis plus rien. Demander mon chemin ? Très difficile de communiquer
ici. Beaucoup de personnes ne parlent et ne comprennent que le khmer.
La carte ? Mais en Asie les gens ne connaissent pas le nom
des rues et
sont incapables de se repérer sur une carte. Quelle galère
pour retrouver ma guesthouse ! Après plus de 20 km
en vélo, j'ai tourné en rond dans la ville plus d'une
heure avant de trouver Happy guesthouse. J'étais fatiguée
mais heureuse. Je n'ai pas regretté le tuk-tuk de la veille.
Demain je remets ça, mais de l'autre côté.
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Je vous emmène maintenant visiter les temples de
la période
pré-angkorienne. Allons-y en vélo, c'est tout plat et sorti
de la ville de Siem Reap, la circulation est calme. Ces temples se trouvent
dans l'ancienne Hariharalaya (Roluos), la première
capitale du royaume khmer fondée par le roi Jayavarman II au début
du 9ème siècle.
Preah
Kô est le plus vieux temple khmer d'Angkor.
Pas si vieux que ça puisqu'il n'a qu'un an de plus que Bakong.
Il a été construit en 880 sous le règne d'Indravarman
I . Il est aussi dédié à Shiva ou à sa monture
le taureau Nandin. Kô c'est le Taureau.
Pas moins de six tours en briques
pour ce temple plat. Des lions en sont les gardiens et les taureaux attendent.
   
D'autres vues, cliquez
sur la première photo
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20
minutes en vélo permettre d'atteindre le
Bakong c'est le deuxième temple connu d'Angkor,
le premier temple-montagne. Il a été construit à la
fin du 9ème siècle (881),
sous le règne d'Indravarman Ier. Un tout petit peu plus jeune
que le fabuleux
temple de Borobudur sur l'île de Java (Indonésie).
Bakong est un temple hindouiste dédié à Shiva. On
dit temple-montagne parce qu'il est bâti comme
une pyramide. Il a cinq niveaux, cinq terrasses accessibles par des escaliers
très raides. Chaque
étage est l'occasion d'observer des tourelles, d'énormes
statues de lions, d'éléphants,
et autres sculptures...
Hélas les dégradations sont nombreuses : les éléphants
ont eu la queue et la trompe coupées. Sur la dernière terrasse
trône une tour à l'image des tours
d'Angkor Wat. Autour du temple, sur de petites buttes,
des tours avec des herbes folles qui fleurissent dans les
interstices disjoints des briques rouges. On peut y entrer quand la porte
n'est pas fausse mais dans tous les cas il est possible d'admirer les
linteaux ouvragés
sur lesquels on peut voir des Yaksha (bons ou mauvais esprits
? Ogres ?). J'aime
beaucoup
la
sculpture
en
briquettes. Et puis quelqu'un est parti sans prendre son pied. C'était
certainement un Egyptien :-)
   
Quelques mini photos, pour tout voir en grand, cliquez
sur l'éléphant
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La jungle proche de Roulos regorge de temples. En
m'aventurant sur les sentiers à peine cyclables j'ai découvert
de petites constructions ruinées, certaines en restauration comme
ici à Prasat prei
Monti. De ce temple que dire? Il serait le plus vieux
du groupe, construit au début du 9ème siècle sous le règne
de Jayavarman III.
Maintenant je suis perdue, retourner sur mes pas m'ennuie,
trop d'ornières sableuses. Après quelques échanges avec
les ouvriers au repos, un
jeune homme
me
ramène
sur le
droit
chemin.
Clic agrandissez
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Me
voilà sur un itinéraire plus roulable.
Bientôt
la route, mais juste pour la traverser et m'orienter vers Lolei, construit
en 893 sous
le règne
de Yaçovarman.
Il ne reste que peu de choses, beaucoup de pierres éparses et quelques
échafaudages attestent d'une restauration en cours.
Une
communauté bouddhiste est installée sur le site depuis très
longtemps. 
Clic
clic pour agrandir chacune des vues
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Angkor
c'est aussi ça :
CLIC
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Ce site grandiose a été abandonné en 1431, à la
jungle vorace et redécouvert beaucoup plus tard. En 1901,
Pierre Loti réalise son rêve d'enfance, il pénètre
dans Angkor. Il est impressionné par
cette forêt
qui s'acharne sur les murailles et les pénètre. Dans "Un
pèlerin d'Angkor"
il écrit "... de méconnaissables débris d'architecture
apparaissent
un
peu partout,
mêlés aux fougères, aux cycas, aux orchidées, à toute
cette flore de pénombre éternelle qui s'étale ici
sous la voûte des grands arbres." Les quelques
photos qui apparaissent dans le livre montrent l'état de ces ruines
au début du XXe siècle et même avant car certains
clichés ont été pris par
son frère (Gustave Viaud) 35 ans plus tôt.
Ces mêmes photos qui ont fait réver l'écrivain.
Angkor
est bien différent aujourd'hui comparé à ce que
Pierre Loti a décrit mais ses mots sont intéressants et
il rend bien l'atmosphère des lieux... les plus reculés, les moins
visités...
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