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Aujourd'hui, premier jour hors de la ville. Je vais enfin m'immerger dans la campagne, tout près de la Sana'a et connaître ces hauts plateaux que l'on dit très beaux et ces villages, véritables nids d'aigles, à quelques kilomètres, à vol d'oiseau, de la capitale.
La route grimpe rapidement, fortement; elle est belle. Le 4X4 enchaîne les virages. Le long des flancs escarpés des collines, c'est à peine si l'on parvient à déceler les hameaux qui se fondent dans l'espace minéral. Les ocre, rouge, gris, vert, blanc rosé étourdissent les yeux à cette heure matinale. Bientôt la brume de chaleur estompera le relief. Même le ciel aura perdu la pureté de son bleu.
Paysages arides, arbustes rachitiques, cactées fleuries et
soudain une vallée accueillante. Celle du wadi
Naim est particulièrement
spectaculaire, enchâssée dans les falaises et ouverte
sur la plaine. Le village dresse ses maisons-tours dans un écrin
de verdure, un camaëu de vert. Légumes, céréales,
café et qat se partagent eau et soleil . |
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Des plateaux tabulaires se dessinent à l'horizon, des sommets en forme de pyramide à degrés puis une immense barrière, un mur de grés rose se dresse devant nous. L'auto franchit les lacets lentement, prudemment. La route est large, le revêtement récent. Un camion s'essouffle; un autre, capot ouvert, reprend son souffle; je retiens le mien. Tout à coup, posées au bord du précipice, apparaissent les maisons roses de Kawkaban. Du haut de ses 3000 m d'altitude, la ville veille sur la vallée. Sentinelle imprenable, elle protégeait autrefois sa jumelle, Shibam, bâtie à ses pieds, 500 m plus bas. Sur ce plateau aride, des citernes ont été construites pour retenir l'eau durant la saison des pluies. Il reste de ce nid d'aigle quelques tours branlantes, des morceaux de rempart, mais la vie continue, comme en témoignent les enfants. |
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Un sentier relie Shibam à Kawkaban.
Pourquoi ne pas profiter d'un peu d'exercice, histoire de se mettre en
appétit pour apprécier pleinement un de ces fameux et copieux
repas yéménite. Imaginez un mafraj accueillant. Le soleil traverse les qamariyas et pose ses rayons multicolores sur les murs blancs. Le tapis est moelleux, les coussins souples. Un serveur dispose une dizaine de plats sur une table basse. Il y a des viandes, des légumes, des œufs en omelette, des oeufs brouillés, du riz aromatisé à la cannelle et à la cardamone . On déguste à même les plats, avec les doigts de la main droite, en s'aidant de morceaux de galette. Un thé rouge désaltère et calme le feu des épices. Vous vous prenez pour Sherazade, votre prince n'est jamais loin... déjà installé avec ses compagnons en train de ruminer les feuilles de qat, dans le mafraj voisin. Qu'importe vous irez faire un tour de ville, voir de près cette falaise qui abrite des habitations troglodytes. |
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Le grand soleil a fait place à un ciel chargé de gros nuages, il faut vite filer vers Thulla. La route remonte en direction d'un éperon rocheux. Au sommet les restes d'une citadelle, au pied, la ville. De belles maisons-tours en pierre, des rues pavées qui grimpent en escaliers. C'est propre et ordonné. Une procession passe précédée de jeunes percussionnistes. blanc bien astiqué recouverte d'une peau tendue. Ils frappent avec ardeur et sérieux sur la peau tendue de leur caisse de résonance en cuivre alors que de grosses gouttes martèlent déjà le sol de la rue. | |||||||||||||
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Les premiers éclairs zèbrent le ciel, le tonnerre gronde. Va-t-on gagner Hababa avant l'averse ? A peine arrivée et voilà les premières gouttes de pluie qui viennent troubler l'eau verte de la grande citerne dans laquelle se reflètent les maisons-tours. A l'abri sous le porche de la porte est, j'attends, mais l'orage ne veut pas cesser et c'est à regret que je quitte cette ville. Ce n'est qu'un au revoir, je reviendrai. |
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ŠLe Yémen 2006 Mireille Jeanjean.
Les textes et les photos édités sur ce site sont la propriété de
l'auteur... |
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