Pour une vie en rose

Ce 23 mars 2008, le quartier de Bolé, à Addis Abeba, s'est paré de rose. Rose comme les t-shirts et casquettes qu'ont revêtues près de 7000 femmes et fillettes venues parcourir, courant, marchant ou trottinant, une boucle de 5 km dans la capitale éthiopienne.

Qu'est-ce qui fait courir les femmes ?

On pourrait croire en entendant leurs cris d'enthousiasme, en les voyant trépigner d'impatience, sauter d'allégresse, le visage tourné vers cette estrade que je distingue à peine près de l'arceau en baudruche jeté en travers le boulevard, qu'elles sont venues applaudir leurs champions de course à pied. En effet, Haile Gebrselassie et Meseret Defar - et d'autres peut-être que je ne connais pas - sont là. Mais ce dimanche ils ne courent pas. Ils sont ici, pour soutenir la cause de ces femmes éthiopiennes, pour dire avec elles, NON aux mariages précoces, NON à la violence, NON…, NON…, OUI à la contraception, …….

Des étrangères sont là aussi, des farenj venues concourir avec leurs fillettes. Certaines courent avec un jeune enfant sur le dos.

C'était vraiment un beau dimanche matin. Chaleureux. Généreux. Emouvant. Il n'y avait pas elles et les autres, il n'y avait pas les autres et moi, ni de noires, ni de blanches. Il y avait un élan, un seul élan solidaire vers une vie en rose.

Heureuse de participer à cette manifestation, à cette belle aventure, j'ai fait durer le plaisir (oh, la perfide !) et c'est avec près de 25 min de retard sur la première que je suis arrivée au but, marchant, trottinant, le cœur plein de slogans, musiques et chants, autant de mots incompréhensibles, mais tellement gais et pleins d'espérance.