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Pour les détails concernant le parcours et les ethnies rencontrées, cliquez sur la carte : dans la région [Nations, nationalités, peuples du sud]

 

La région, [Nations, nationalités, peuples du sud], est une des régions les plus surprenantes de l'Ethiopie. Découverte à la fin du 19e siècle seulement, la basse vallée de l'Omo, compte un grand nombre d'ethnies qui ont conservé pour la plupart leurs modes de vie ancestraux.

Au cours de notre périple de neuf jours, nous avons croisé, les Arboré, les Tsemaï, les Bana, les Dassanech, les Mursi, les Hamer, les Dorzé, les Konso.
Après Arba Minch, nous avons parcouru les pistes qui passent par les villages de Konso, Voïto, Key Afer, Jinka, Dimeka, Turmi, Omorate. Des kilomètres de pistes parfois difficiles, sous la chaleur, assaillies, comme dans le parc Mago, par des nuées de mouches (tsé-tsé ?) affamées qui ne se contentent pas de piquer, qui mordent aussi !

Est-ce parce que cette région est reculée et assez mal connue ?, est-ce à cause du mot "Omo" qui sonne comme Homo, Homo sapiens ?, qui font commettre une erreur spatio-temporelle ? C'est tentant de croire que Lucy vient d'ici. Tentant, mais pas sage d'imaginer qu'un australopithèque afarensis a été découvert dans la vallée de l'Omo. Non, Lucy, comme son nom l'indique, vient de la région Afar et c'est au nord de la rivière Awash qu'elle fut découverte.
Pourquoi temporelle ? Tout simplement parce que notre Lucy n'est pas de l'espèce des homo..., mais de celle des hominidés.

Un site vaut le détour pour qui s'intéresse à l'évolution de l'Homme et des espèces antérieures :

   
 

 

La vallée de l'Omo n'est connue que depuis la fin du 19e siècle. Elle a été difficile à explorer. Jules Borelli s'y est employé de septembre 1885 à novembre 1888. Son journal de voyage "Ethiopie méridionale : journal de mon voyage aux pays Amhara, Oromo et Sidama" retrace pas à pas sa longue et dangereuse expédition. C'est lui qui précise que "L'Omo ou Ghibié Ennarya, prend sa source dans la grande forêt Babbya, presque au sommet du mont Boré", à une centaine de kilomètres au sud-ouest d'Addis Abeba, l'actuelle capitale.
Ses observations et relevés de terrain ont permis de situer le cours de la rivière, ses grandes boucles, ses affluents, et sa probable embouchure dans le lac Schambara comme le nomment les indigènes.

La même année, le comte hongrois Samuel Teleki, le premier Blanc à avoir pu contempler ce lac, le nomme Rodolphe, en hommage à l'archiduc d'Autriche. Ce lac n'est autre que l'actuel lac Turkana à cheval sur la frontière entre le Kenya et l'Ethiopie.

C'est finalement l'Italien, Vittorio Bottego, qui a réussi à reconnaître la partie encore inexplorée du cours de l'Omo. C'était en 1896.




Ruches accrochées dans l'arbre

 

La Basse Vallée de l'Omo s'étend de Konso à la frontière Soudanaise et du nord du lac Turkana à Jinka. 80 ethnies vivent sur ce territoire hostile : Mursi, Surma, Karo, Hamer, Arboré, Dassanech, Bana, Tsemaï
Longtemps isolées du reste du monde, quasiment inconnues encore à notre époque, ces tribus ont gardé leurs coutumes, leurs modes de vie ancestraux. Pour combien de temps encore ?
Les conditions d'accès à la région étant difficiles, ces peuples, d'un autre âge, entrent lentement en contact avec la "civilisation". Peu à peu, avec la venue du tourisme, les pistes s'améliorent, des structures d'accueil se développent : campings, chambres, restaurants très rudimentaires pour quelques touristes peu exigeants.

Ces ethnies n'entretiennent que peu de relations entre elles et les querelles de voisinages sont fréquentes. Nous n'avons pu rencontrer les Karo qui étaient en guerre contre une tribu voisine.
Les conflits, qui se réglaient autrefois à la lance, se règlent maintenant à la kalachnikov.

Ces peuples sont pour la plupart des pasteurs semi-nomades, liés aux variations des saisons. Ils cultivent un peu de millet et de sorgho, à la saison des pluies. Ils récoltent le miel des ruches en bois fixées dans les arbres. Ils se nourrissent de lait, parfois de ces animaux sauvages qui abondent dans les forêts.
Leurs huttes sont faites d'une structure en bois recouverte de chaume.



 

Démunis de l'essentiel, détachés des biens matériels (réflexion idiote et toute relative d'une occidentale), ils semblent très attachés à l'esthétique : perles et cauris ornent fronts, cous, oreilles..., de lourds colliers de métal s'empilent autour du cou, des bracelets de fer blanc enserrent bras, poignets, chevilles.

Les hommes portent des tissus colorés dont ils se drapent le corps ou s'entourent le bassin à la façon d'un pagne, très court parfois. T-shirts, débardeurs et autres vêtements-panneaux-publicitaires ont fait leur apparition.

Les femmes, souvent torse nu, portent des jupes, en peau de chèvre ou de vache, ornées de cauris, de perles métalliques, de broderies. Des accessoires issus de notre société de consommation viennent se mêler à ces bijoux ancestraux, comme des morceaux de bracelets de montres qui retombent sur le front, des épingles de nourrisses, des anneaux de rideaux de douche, des capsules de bouteille…

 

 
Les scarifications ornent la peau aussi bien des hommes que des femmes. Ces cicatrices, pratiquées de nos jours à la lame de rasoir, sont signes de bravoure pour les hommes et croyances mystiques ou superstition pour les femmes.
Souvent, comme ici, un objet (caillou ou autre) est glissé sous la peau et donne ainsi du relief.


 

Les karo sont passés maîtres en peintures corporelles,
de même les Hamer, en certaines occasions (danses, cérémonie de l'oukouli, entre autres)

Peintures d'un jour, décors éphémères, qu'ils changeront demain, comme nous changeons de vêtements. .

   

 

 

  Au hasard de nos pérégrinations, nous avons croisé :
- les Tsémaï, entre Konso et Key Afer
- les Bana le long de la piste qui va de Key Afer à Dimeka
- les Arboré, entre Turmi et Konso

Ces tribus vivent aussi selon leurs anciennes coutumes.
Tsémaï
Bana
Arboré

 



Chaka Rastarant

 

 

 

 

 

 

 

La route est longue d'Addis Abeba à Arba Minch. Pas moins de dix heures, en longeant la vallée du rift et son chapelet de lacs aux eaux cuivrées à cause des particules ferriques en suspension.: Ziway, Langano (le seul où l'on peut se baigner en Ethiopie car il est exempt de bilharziose) D'autres lacs de la région présentent cette couleur étrange. Les lacs Abijata et Shalla, lac Awasa près de Shashemene.
Shashemene, le sanctuaire des rastas. Bob Marley s'affiche sur les murs et les restaurants, même, prennent de drôles de noms.

 

Lac Langano

Lac chew Bahir et la réserve Stéphanie se
situent beaucoup plus au
sud, entre Turmi et Konso

 

 

 

 


Sur le lac Chamo

 

 

 

 

Arba Minch et ses deux lacs : Abaya (cuivré) et Chamo (bleu), une bande de terre les sépare. Le lever du jour sur les lacs est un de ces rares moments de bonheur, de calme, de paix, de ravissement. Le silence règne sur les hauteurs, à l'écart de la ville, les oiseaux se réveillent tout doucement et l'arc-en-ciel se montre.

Lac Abaya
Lac Abaya
Lac chamo

 


Le lac Chamo est très vivant. Les bords du lac foisonnent d'oiseaux : pélicans géants, ibis, aigrettes, cormorans, anhingas, héron goliath, aigle…. , et regorgent de crocodiles et d'hippopotames qui batifolent ou se reposent, l'oeil aux aguets, à quelques brasses de notre embarcation. Le garde qui nous accompagne est armé d'un long coupe-coupe bien affûté.

 




Hutte à Chencha

 

 

 

 

Près d'Arba Minch, dans le village de Chencha, perché à près de 3000 m d'altitude, vivent les Dorzé. Les hommes sont d'habiles tisserands, les femmes filent, d'autres sont potières. Ces artisans sont regroupés en coopératives. Chaque famille possède sa hutte et un peu de terrain pour la culture de l'ensete ventricosum ou faux bananier avec lequel est fabriqué le kocho.



Préparation du kocho.
Cliquez sur l'image pour aller à la page de l'ensète

Les huttes ici ne ressemblent à aucune autre. Leur forme ogivale rappelle la tête des éléphants. Il paraît qu'il y en avait autrefois...
L'intérieur est très vaste, le volume est impressionnant de par la hauteur du toit. Des sortes de mezzanines sont aménagées tout autour. Un coin, séparé par une cloison, est réservé au bétail. La chaleur animale permet de conserver une température relativement douce, même la nuit à cette altitude.

 


Aéroport de Jinka

Au camping, la terre est souple pour planter les piquets, l'herbe épaisse fait un matelas... correct. Après la chaleur du jour, il n'y a pas mieux qu'une bonne douche froide . La nuit est bercée par le cri des hyènes. C'est vraiment un beau site.

 

 

 

 

 

 

 

Il faudra une longue journée de piste pour atteindre Jinka. Passages à gué, ornières, déviations obligées par la réfection de l'ancienne piste. Une courte halte à Konso, une halte plus importante à Key Afer et son petit marché local. Rencontre avec les Tsémaï puis les Bana.

 

Marché de Key Afer

 

Quand un avion se pose à Jinka, tout s'arrête, se fige. Piétons et véhicules. La piste d'atterrissage se situe sur le terre-plein entre les deux voies de la "route" qui traverse la ville.

Et puis on le regardera décoller jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un point dans le ciel, jusqu'à ce que la police donne l'autorisation de traverser.

 


Au Rocky camp site, on se fait une image amusante du touriste blanc :-)
Celui-ci a l'air d'admirer le coucher du soleil. C'est vrai qu'il est splendide, le soleil, lorsqu'il descend, vers 18 heures.

 


 

 

Tout près du camping de Jinka, un joli village d'agriculteurs. La terre grasse, brune promet de belles récoltes. Les huttes se cachent parmi une végétation dense. Les enfants viennent à notre rencontre et nous accompagnent dans une concession. Une femme a terminé la cuisson du pain : une galette de 30 cm qui a cuit sur un plat en terre,enveloppée dans une feuille de bananier. Maintenant elle est en train de travailler un bloc de terre ocre. Quelle dextérité ! Sans aucun instrument, juste ses deux mains voilà un plat circulaire, un rond parfait.


Un des enfants est très intéressé par les photos que je prends. Stupéfait devant chaque image, il pousse des oh ! Du coup tout le monde pose pour une photo de groupe. Oh !!!

 



Dans le parc Mago


A toutes pattes, elle détale si vite, notre petite antilope,
que son ombre a du mal à la suivre !

 


C'est dans le parc Mago que nous avons croisé les Mursi. La piste se faufile au milieu d'une savane arborée (acacia, figuiers sycomores...). Il fait très chaud et sec et nous ne pouvons ouvrir les vitres de la voiture sans laisser pénétrer des nuées d'énormes mouches grises et gourmandes. Les fameuses mouches tsé-tsé ! La maladie du sommeil serait éradiquée, dit-on, dans le sud de l'Ethiopie...?... Parmi cette végétation quasi impénétrable, vivent de petites antilopes, du genre dik-dik, des pintades dont les splendides pintades bleues qui s'envolent à notre approche, des koudous, des écureuils, des myriades de papillons blancs, jaunes ou bleus venus boire dans les flaques de la dernière pluie.

 

 

Les femmes portent le plateau d'argile inséré dans la lèvre inférieure, parfois aussi dans le lobe de l'oreille. Pour permettre le positionnement du plateau, deux incisives ont été extraites.
Les hommes Mursi, drapés dans des étoffes colorées, sont les derniers guerriers nus. Ils arborent lances ou bâtons quand ce n'est pas la kalachnikov, et portent des scarifications.
Le cuir est réservé aux femmes, une simple peau.
Hommes et femmes rivalisent dans l'art de la décoration. Tout est bon pour se parer : végétaux, cornes, défenses d'animaux mais aussi des objets amenés par la "civilisation".



Après Jinka et les Mursi, nous avons migré chez les Hamer. Trois jours à Turmi. Trois jours loin de tout. Aucun ravitaillement. Ni alimentation, ni carburant, ni eau potable. Nous avions prévu nos réserves, des ustensiles et un réchaud. Nous avons pu acheter de délicieuses bananes, directement du producteur au consommateur, 1 birr les dix ( moins de 0,10 euro)

 

  Durant trois jours, nous avons cotoyé cette tribu de grands éleveurs de zébus. Certainement les meilleurs souvenirs de cette incursion dans la basse vallée de l'Omo


Hutte Turmi                                             Hutte Dimeka

 

Sur le marché de Dimeka, hommes et femmes sont là. A Turmi, les hommes viennent faire la lessive à la pompe du camping et des femmes, à la tombée du jour, puisent l'eau dans l'oued qui borde le camp.

Dans l'oued de Turmi


Les femmes Hamer enduisent leurs cheveux,
roulés comme de fines anglaises, d'un mélange
d'ocre et de beurre.




De lourds colliers entourent le cou des épouses.
Celui de la première épouse est très spécial.

Fait d'un cercle métallique surmonté d'un deuxième
cercle en cuir et métal.

 

 

 

 

 


 


Ces hommes ont accompli un acte de bravoure, et pour le montrer portent des coiffures très élaborées : calotte rigide en argile colorée et rehaussée de plumes d'autruche ou d'un toupet de poil.

 

 

.

Les hommes Hamer, outre leur accoutrement sophistiqué, ne se séparent jamais de leur appui-tête en bois qui leur sert, à l'occasion, de petit siège

 

 

 

 


Abandonné chez nous, le babyfoot revit en Afrique
et au Yémen !

 

 

 

 

 

 

 

Aujourd'hui, à Dimeka, les gens arrivent de toute part. Ils viennent vendre et acheter. Certains ont parcouru, plusieurs dizaines de kilomètres à pieds avant d'atteindre le marché. Un grand marché où l'on trouve de tout : poteries, ocres, bois, fruits, céréales, beurre, bijoux... Un peu avant midi, le marché bat son plein. La place restera animée jusqu'au soir. Quant à nous, nous serons à quelques kilomètres de là, à la céramonie de l'oukouli.

 

 
 
Au marché de Dimeka

 




Accédez au
diaporama de la cérémonie.

La cérémonie de l'oukouli est un important moment de la tribu des Hamer. Elle consiste à célébrer le passage à l'âge adulte des garçons. Chance extraordinaire, un garçon d'un village proche de Dimeka, où nous étions au marché, doit se soumettre, en fin d'après-midi, à ce rite ancestral bien particulier.
Nous nous sommes donc rendu vers le lieu des festivités et après avoir versé notre obole, on nous a conduit dans une boucle de l'oued. Un grand troupeau de bœufs est rassemblé. Des femmes soufflent dans des cornes, chantent, crient, sautent. Des anneaux de grelots fixés sous leurs genoux rythment la danse. Brodés et incrustés de perles, les pans de leurs jupes en peau de chèvre ou de vache se balancent en cadence, les lourds colliers de fer et de cauris ainsi que les innombrables bracelets reflètent les éclats du soleil couchant. Leurs peaux et leurs cheveux enduits d'un mélange de beurre et d'ocre ne font qu'ajouter une touche douce à ce tableau. Pourtant certaines brandissent des kalachnikov, sans violence ni animosité, comme on arbore dans les stades les couleurs des équipes.
Sous l'arbre centenaire, les hommes s'affairent aux dernières touches de peinture. Des couleurs - du blanc, de l'ocre - sont passées grossièrement au doigt, ou plus finement pointillées à l'aide d'une baguette. Les visages se transforment, les bras et les jambes deviennent des tableaux.
Les plus vieux, habillés avec soin, attendent assis sur leur repose-tête.
Personne ne semble faire attention à ces deux femmes blanches venues, en curieuses, assister à la fête.
Même les bébés sur le dos de leur mère, ne s'inquiètent pas de nous.


Outre les accessoires et les peintures, les hommes portent des coiffures très élaborées : coupes diverses, cheveux savamment tressés. Cependant, au milieu de ce défilé haut en couleur et en originalité se distingue un jeune homme, vêtu d'une simple peau, le crâne à demi rasé, le reste des cheveux ébouriffés. C'est lui le héro de la journée. Bientôt il va être initié par les hommes du clan, à l'abri des regards.

Pendant ce temps, les femmes provoquent les hommes. Le but est de se faire flageller pour, disent-elles, encourager le jeune à réussir les épreuves, lui prouver leur attachement et leur affection, mais aussi pour montrer leur capacité à endurer la souffrance. L'homme choisi s'empare d'une fine badine. Un sifflement dans l'air et aussitôt le bruit sec de la tige flexible qui s'abat sur le dos de la femme. Pas un clignement d'yeux, pas une grimace, pas un cri. La peau éclate, le sang perle. Et l'on recommence. A la longue, les traces ne forment plus qu'une plaie sur le dos.

Soudain, le jeune homme réapparaît, entièrement nu. Il se dirige vers les bêtes : une quinzaine de bœufs maintenus flanc contre flanc. Notre héro s'élance, saute sur le dos du premier animal, poursuit sa course de dos en dos, jusqu'à la dernière bête et descend. Ce n'est pas fini il faut remonter et revenir au point de départ, de la même façon. Quatre aller-retour sont nécessaires pour réussir l'épreuve. Il n'a pas droit à l'erreur sinon il sera fouetté par les femmes de sa famille et deviendra la risée du clan tout au long de sa vie.
Ce jour-là l'épreuve fut une réussite. Pas de railleries, pas de coups de bâton, le vainqueur pourra choisir celle qui deviendra sa femme. A cette heure, nous serons rentrées au camping. Les festivités continueront sans nous, les étrangères, sans aucune personne étrangère au clan.

 

 

Et puis, il y a ce petit bonhomme, qui, parce qu'il est enfin né après une succession de filles, a dû, avant l'âge, se soumettre au rite initiatique.

Comment a-t-il fait ? Il est si petit et les zébus bien hauts !

Regardez comme il est fier, à l'image des grands. C'est lui qui conduit la "troupe" vers la clairière où aura lieu, aujourd'hui, le saut de boeufs.

 

 

 



Adenium obesum
(appelée rose du désert ou faux-baobab)


Termitière, une parmi tant d'autres tout aussi hautes


Gazelles


Pintade bleue

La rivière Omo termine son cours.
Le lac Turkana n'est pas loin

 

Pour atteindre Kelem (Omorate), en venant de Turmi, la piste traverse une large plaine arborée : acacias, adenium obesum, buissons épineux, d'où émergent de gigantesques termitières, de vraies cathédrales d'ocre, doigts géants pointés vers le ciel.
Les animaux sont nombreux. Ils s'écartent tranquillement, disparaissent dans les fourrés d'où ils nous observent, à l'abri des hautes herbes comme les francolins, les outardes et cette admirable pintade vulturine. Comme ce couple de gazelles (gazelles de Grant ? ou de Waller ? à cause de leur long cou). Les babouins quant à eux n'hésitent pas à s'approcher de la voiture, sautent sur le capot, tentent une entrée en force par la vitre à demi-ouverte. Les voyageurs blancs transportent toujours de si bonnes choses.

     

A Omorate, nous avons traversé le ruban ocre de l'Omo dans une embarcation légère : un simple tronc d'arbre évidé. Le batelier, armée de sa longue perche, luttait habilement contre le courant. La rivière roule ici, à quelques encablures de sa rencontre avec le lac Turkana, des eaux assez rapides. Des gamins ont jeté leurs vêtements dans la pirogue pour traverser à la nage l'eau boueuse de la rivière réputée pour ses crocodiles ! Sur l'autre rive, nous attendaient les Dassanetch. Les hommes, vieillards regroupés à l'entrée du village, palabraient. Après avoir salué le chef et payé notre tribut, nous avons pu visiter ce village de pasteurs nomades. Des huttes rudimentaires, des greniers sur pilotis, des enclos d'épineux. Un vent violent, chaud et sec, balayait l'étendue nue, à perte de vue. La poussière volait, s'infiltrait partout.


 




Accident

 

Sur la route de Konso
Trottinaient des ânes bi
Noir et blanc ne font pas gris
Blanc et noir c'est rigolo


Avant de refermer la boucle, un arrêt s'impose dans cette étonnante région de Konso. On remarque tout d'abord l'originalité des jupes. Coton écru, épais, bordées de bandes de couleurs ou rayées de teintes vives. Un rabat à la taille forme un volant.

Sur la piste en venant, nous avons croisé des ânes étranges, noir et blanc, et de jeunes gardiens de troupeaux montés sur des échasses.
Un accident, une vache tuée par un chauffard. 1000 birrs la vache, un peu moins de 100 euros, une fortune en Ethiopie.
La piste est en travaux, hommes et femmes se démènent.
Le pont, détruit par les fortes pluies de l'été dernier; a été reconstruit. Plus loin un passage à gué, des femmes lavent pendant que les enfants se baignent.

 

 

Les Konso sont des agriculteurs sédentaires. Ils sont passés maîtres dans l'art des terrasses et de la maîtrise de l'eau. Ils cultivent le coton, le sorgho, le millet et surtout le moringa stenopetala. Ce sont d'habiles tisserands. Les jupes des femmes en sont un exemple bel exemple.


 

Les Konso ont une vie sociale et spirituelle bien structurée.

Des cases communautaires, rappelant étrangement les toguna du pays Dogon au Mali, accueillent les jeunes hommes pour la nuit, dès l'adolescence.
Sur les places, sont érigés les mâts des générations, en genévriers sacrés, ainsi que des colonnes de basalte, les dega hela, plantées là afin de marquer les victoires.
La mort de gens riches et importants est aussi marquée par des wakas, totems de bois.

Les villages fortifiés sont encore une source d'étonnement. Exemples uniques dans tout le sud. Prévus pour se protéger des coulées de boue ou des ennemis, ces "remparts" sont de hauteurs variables.
Mackedie illustre bien ce type de village, entouré d'un mur de basalte, savamment agencé, surmonté de branchages. A l'intérieur, chaque famille dispose d'une concession entourée elle aussi de mur et de branchages. Une grande case pour l'habitation, avec un toit conique en chaume surmonté d'une poterie et souvent d'un attribut signifiant la religion. D'autres huttes servent de greniers. Les poulaillers, quant à eux, sont de petites huttes dressées sur pilotis. Une partie de la cour est réservée au bétail.
Le long de la haie de clôture, est cultivé le moringa stenopetala, reconnaissable à son feuillage clair. Les feuilles de cet arbre entrent dans la préparation de la dama, plat principal des konso, consommé deux à trois fois par jour.

 

Village de Mackedie


case communautaire

mât des générations et
colonnes de basalte
entrée de la concession
fumeur
fileur

 


moringa stenopetala


Préparation de la dama:

Les feuilles de moringa sont jetées dans de l'eau bouillante salée (parfois on incorpore également les fruits) et cuisent pendant 30 min à une heure.
Pendant ce temps, les femmes préparent une pâte à base de différentes farines (sorgho, maïs, blé), la pétrissent et en forment des boules qu'elles plongent dans l'eau pendant une dizaine de minutes.
Le repas est prêt : boulettes de céréales recouvertes de feuilles de moringa, agrémentées de beurre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pays Konso a son roi ou son chef. Un titre, point de pouvoir. Un rôle de liaison entre le peuple konso et les instances gouvernementales.
Il vit à l'écart sur sa propriété à l'abri de "remparts". Son "campement" est comparable à un village. Le vieux chef est mort, il y a deux ans environ, et c'est son fils qui lui a succédé. Il était absent ce jour là. Un membre de sa famille nous a accueillies et fait visiter les lieux et nous a conduites au cimetière de la famille. Waka, totems funéraires, monuments éphémères, statues livrées aux intempéries et aux termites. Une tombe récente, une autre moins récente, au bout d'un sentier étroit dans l'enchevêtrement de la végétation du "bois sacré". Je vous laisse admirer, la représentation du défunt.

La concession du chef
Dans le bois sacré
Représentation du dernier chef défunt

 

 


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 Modifié le 25-Aoû-2018

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